VGE : CE QUE LES FEMMES LUI DOIVENT

Valéry Giscard d Estaing

Décédé mercredi 2 décembre à l’âge de 94 ans Valéry Giscard d’Estaing a été le plus jeune président élu depuis 1895. Lorqu’il accède au pouvoir en 1974 avec le slogan « Giscard à la barre », il est âgé seulement de 48 ans et ambitionne de faire soufler un vent de réformes pour faire entrer le pays dans une ère nouvelle, notamment pour les droits des femmes.

La légalisation de l’avortement

La loi qui légalise l’avortement en France a été portée par Simone Veil dans la foulée de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, il sait que sa majorité n’est pas favorable au projet de loi, mais il n’est pas envisagé alors comme une libéralisation politique du corps des femmes, il s’agit avant tout d’un problème de santé publique.

A l’époque les chiffres sont sans appel.

« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours. (…) Je ne suis pas de ceux et de celles qui redoutent l’avenir. Les jeunes générations nous surprennent parfois en ce qu’elles diffèrent de nous ; nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celle dont nous l’avons été. Mais cette jeunesse est courageuse, capable d’enthousiasme et de sacrifices comme les autres. Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême. » argumente la ministre de la santé à la tribune de l’Assemblée Nationale.Face aux attaques d’une rare violence d’une partie de sa majorité, VGE fera passer la loi avec le soutien des voix de gauche.

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Le divorce par consentement mutuel

Avant 1975, le divorce relève d’un scénario ubuesque et pour cause, il n’est autorisé que pour « faute ». Pour tous celles et ceux nés après la loi du 11 juillet 1975, il faut rappeler qu’une procédure de divorce se construit comme un polar. Tous les moyens sont bons pour prouver la faute du conjoint sur la base de témoignages ou de filatures. Le plus souvent pour prouver l’adultère. Et cela, depuis la loi Naquet du 27 juillet 1884 qui rétablit le divorce sur la base de fautes précises (adultère, condamnation à une peine afflictive et infamante, excès, sévices et injures graves).

En 1975 la loi du 11 juillet organise le divorce par consentement mutuel. Une révolution qui simplifie la procédure et déculpabilise les époux. Le Monde publie en 1979 les chiffres de cette libéralisation, « En trois ans, le nombre de demandes s’est donc accru de 21 000 – soit près de 9 % en moyenne par an – et le nombre des jugements est passé de 60 000 (1975) à 74 000 (1978), soit une progression de 23 % ».

La nomination d’une secrétaire d’Etat à la condition féminine

Valéry Giscard d’Estaing capte l’ère du temps et initie cette fonction ministérielle. Il nomme Françoise Giroud secrétaire d’Etat à la condition féminine. La directrice de L’Express « est chargée de promouvoir toutes mesures destinées à améliorer la condition féminine, à favoriser l’accès des femmes aux différents niveaux de responsabilité dans la société française et à éliminer les discriminations dont elles peuvent faire l’objet ».

Sur les 100 mesures présentées passeront un projet de loi prévoyant la suppression de toute discrimination pour l’accès à la fonction publique ; l’interdiction aux employeurs de prétexter des grossesses pour refuser de les embaucher ou les licencier pendant leur période d’essai ; le versement d’une allocation post-natale pour chaque enfant ; la généralisation de l’allocation de frais de garde ; des années de retraite supplémentaires pour les mères de famille…

Les archives du Sénat rapporte que Lors d’un voyage au Canada, Gérard Pelletier, ambassadeur du Canada en France lui demande : « Mais jusqu’où allez-vous pousser cette recherche, cette exigence de l’égalité, de la parité de la femme dans le système ? ». Françoise Giroud répond : « Jusqu’à ce que des femmes incompétentes puissent occuper des postes de direction comme les hommes le font. » 

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