« TOUT PEUT CHANGER » LE DOCUMENTAIRE QUI DÉNONCE LE SEXISME D’HOLLYWOOD

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Geena Davis ©Alba films

En septembre 2019, Geena Davis était venue à Deauville défendre le documentaire qu’elle a co-produit. « Tout peut changer » sous titré « Et si les femmes comptaient à Hollywood » réalisé par Tom Donahue, sorti hier sur les écrans, est une démonstration implacable et chiffrée sur la sous-représentation des femmes dans l’industrie cinématographique américaine. L’héroïne de Thelma et Louise compile depuis 2004 au sein de son Institut sur le genre dans les médias des données sur le sexisme à Hollywood. Au fil du documentaire, les témoignages des actrices Meryl Streep, Sharon Stone, Jessica Chastain, Chloë Grace Moretz, Cate Blanchett, Natalie Portman, Reese Witherspoon illustrent des chiffres incontestables.

Voici l’entretien que nous avait accordé Geena Davis à cette occasion.

« Non les choses n’ont pas évolué pour les femmes réalisatrices. Quand on regarde les chiffres, ils sont en baisse cette année. C’est une honte ! « s’agace l’héroïne de Beetlejuice. Le sexisme à Hollywood est bien installé. Avec 4% de femmes derrière la caméra (contre 24% en France), les Etats-Unis font figure de mauvais élève. Pourtant #MeToo est passé et la révolution n’a pas eu lieu constate Geena Davis, « Dans les écoles de cinéma il y a autant de femmes que d’hommes, donc il ne s’agit pas d’un manque de réalisatrices, c’est simplement qu’on ne les embauche pas »Militante engagée contre le sexisme, la fondatrice de l’institut (Institute of gender in media) reste cependant optimiste, et souligne que la parole sur les questions de discrimination s’est libérée. « Gillian Anderson, héroïne de la série X Files était payée moitié moins que David Duchovny (son partenaire à l’écran). Elle en a parlé ouvertement et a obtenu le même salaire ».

La situation ne pourra évoluer que lorsque les hommes prendront position. C’est la galanterie du XXIème siècle.

Meryl Streep, actrice

Les chiffres

  • Une seule femme a obtenu l’Oscar du meilleur film : Kathryn Bigelow pour Les Démineurs (2010).
  • Entre 1949 et 1979, 0,5 % des projets ont été attribués aux femmes
  • Seuls 40 % des 4000 films analysés ont réussi le test de Bechdel-Wallace.

Inspirée par Susan Sarandon, « rôle model » contre le sexisme à Hollywood

Une attitude impensable à l’époque où l’actrice démarre sa carrière. « Nous avons appris à ne jamais nous plaindre, même en cas de harcèlement sexuel ou de discrimination. Il y avait tellement peu de rôle pour les femmes ! Nous savions que l’on pouvait toujours trouvé quelqu’un de moins cher pour nous remplacer ». Sa prise de conscience féministe nait sur le tournage de Thelma & Louise« Je n’avais jamais rencontré de femme comme Susan Sarandon (Louise) qui disait ce qu’elle pensait ».Pendant 3 mois, Geena Davis observe le comportement de sa partenaire qui n’hésite pas à monter au créneau. « Avant la pause déjeuner, Ridley Scott, le réalisateur m’avait suggéré de retirer mon tee shirt pour une scène. Je pars déjeuner, et je vais voir Susan. Elle s’est levée et a dit à Ridley que je ne le ferais pas, avant de retourner déjeuner ».

Avec Thelma & Louise toute la presse disait enfin  les choses changent pour les femmes ! Et moi même j’y croyais. Mais en fin de compte cela n’a rien changé. Tous les deux trois ans, il y a un film qui sort avec lequel on dit ça y est, mais il y a toujours quelque chose qui arrête ce mouvement.

Faire changer l’industrie du divertissement pour enfants

Cette manière d’être polie et de ne pas faire de vague est une éducation qui formate les filles dès le plus jeune âge. L’actrice estime qu’il est plus facile de faire changer les comportements avec les films pour enfants où l’Institut dénombre la présence de 3 personnages masculins pour un personnage féminin « Les producteurs n’étaient pas conscients du problème. Ils étaient horrifiés et prêts à changer« . Alors les quotas seraient la solution pour endiguer le sexisme d’ Hollywood ? Impossible dans une « industrie créatrice », sauf peut-être pour les réalisateurs répond la productrice. Persuadée de l’impact du cinéma sur la « vraie vie », Geena Davis conclut par une boutade. « Peut-être que je serais la prochaine Présidente des Etats-Unis, après tout je l’ai été à l’écran (dans la série Commander in chief) ! »

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