ARIANE HERMAN, FONDATRICE DE LA LIBRAIRIE FÉMINISTE DE BRUXELLES

Ariane Herman librairie Tulitu
Ariane Herman ©Camille Loiseau

Désignée en décembre 2019 comme l’une des 50 femmes influentes de l’année en Belgique par le site « Les Grenades », Ariane Herman a co fondé il y a 5 ans la librairie féministe Tulitu à Bruxelles. Une évidence pour cette militante qui souhaitait mettre l’accent sur les livres québecois et LGBT.

Un frère éditeur et une belle-sœur libraire au Québec impriment l’ADN de la librairie Tulitu. « J’y passais mon temps à rencontrer des auteurs et des éditeurs, alors, c’est la première chose qui m’est venue en tête quand j’ai décidé de changer de vie ». Ariane Herman hésite alors à reprendre la librairie LGTB Darakan en plein centre ville de Bruxelles. « Son propriétaire me disait j’aimerais bien que quelqu’un reprenne ma librairie et le jour ou je me suis décidée, il avait mis en place la liquidation ». Ce sera donc un nouveau projet.

Une librairie féministe comme une évidence

Avec l’ambition de mettre en avant la production québécoise, Ariane Herman et son associée alors libraire à Montréal donnent naissance à une librairie féministe. Une évidence pour la femme engagée. « Pour moi féministe, c’était normal. Je croyais naïvement, parce que je connaissais pas bien le milieu des librairies à Bruxelles qu’il y avait une section féministe dans toutes les librairies ». Le bouche à oreille fonctionne. Débats et rencontres peuplent l’antre féministe. « On a un rythme qui m’épuise et les clients aussi » ! s’amuse la libraire qui voudrait ralentir la cadence.

Librairie_Tulitu

Des valeurs militantes

Ariane Herman revendique ses valeurs militantes. « Dans tout mon parcours professionnel, j’ai toujours été quelqu’un d’engagé, c’était clair que je n’allais pas ouvrir une librairie juste vendre des livres » !  Zemour, Finkelkraut, et Onfray sont punis à vie, ajoutet-elle dans un éclat de rire. Sur les rayons, en bonne place figure « King Kong Théorie » de Virginie Despentes, « un électrochoc » qui a forgé son féminisme. « C’était la première fois que s’exprimait un sentiment de colère totalement légitime » analyse la libraire. Distribuant le catalogue des éditions montréalaises du Remue Ménage, Tulitu, elle repère « Libérez la colère », ouvrage collectif qui donne lieu à des ateliers où l’intime des femmes trouve sa place.

Des textes fétiches

Parmi ses textes fétiches qu’elle conseille volontiers aux hommes, Ariane Herman cite les bandes dessinées de Liv Strömquest. « Elle démonte des mécanismes avec humour et un peu cynique. Dans son dernier album, l’autrice raconte comment le concept de l’amour a été créé pour aliéner la femme ». Et puis, Mona Chollet, l’autrice de « Sorcières, la puissance invaincue des femmes », « une lecture bien documentée qui explique simplement les faits ». #Metoo est passé et la féministe constate que « plein d’hommes jeunes comprennent ce combat ».

Déconstruire les codes sociétaux

Parmi ses plus belles découvertes, Ariane Herman aime les lectures qui trangressent les codes sociétaux. « Mercy, Marry, Patty » de Lola Laffont déconstruit le mythe du syndrome de Stockholm au travers de l’histoire de Patricia Hearst. La petite fille du magnat de la presse Randolph Hearst kidnappée finira par épouser la cause de ses ravisseurs. Un écho qui rappelle « L’époque de la conquête de l’ouest où des femmes blanches kidnappées par des indiens ont refusé de retourner chez elles quand on les a libérée, car elles avaient acquis un statut, un travail, une reconnaissance ».

Côté littérature étrangère, la libraire constate la faible traduction des oeuvres féministes américaine. Et rappelle que « Ma vie sur la route » de Gloria Steinem a été traduite en Français en 2019. Elle échange avec Paola Anacaona, éditrice, traductrice et autrice qui met à l’honneur les féministes brésiliennes. Une littérature méconnue qui peine à traverser l’océan. « Je crois que personne n’a jamais pris la peine de dire que cette production avait un intéret ! On voit bien que depuis #MeToo, les éditeurs commencent de plus en plus à traduire ces autrices. Rebecca Solnit, Roxanne Gay« , l’autrice de Bad Feminist … 

Librairie Tulitu, 55 rue de Flandres, Bruxelles

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