Le 6 ème état des lieux du sexisme en France établi par le Haut Conseil à l’Egalité est alarmant. Son rapport annuel pointe un renforcement des valeurs traditionnelles et des rôles genrés : aux femmes la préparation des repas familiaux, aux hommes les responsabilités financières.
Tout s’arrange ! C’est ce que l’on pouvait espérer avant de lire le rapport annuel du Haut Conseil à l’Egalité. Intitulé « S’attaquer aux racines du sexisme », il dresse un état des lieux qui contraste avec la prise de conscience sur le sujet. Car le sexisme s’enracine autour de trois pôles, la famille, l’école et le numérique, trois «incubateurs» du sexisme. Une continuité qui perpétue les stéréotypes sexistes qui se construisent dès l’enfance et s’aggrave chez les jeunes hommes.
Le rapport affirme que 70% des femmes estiment ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères dans la vie de famille et 38% ont vécu une inégalité de traitement à l’école. Un constat renforcé via le numérique, puisque 92% des vidéos pour enfants contiennent des stéréotypes genrés. Pire, le retour de valeurs conservatrices chez les jeunes adultes masculins. « L’idée qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants » et 70% des hommes pensent encore qu’un homme doit avoir la responsabilité financière de sa famille pour être respecté dans la société. Et « un quart des 25-34 ans pense qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter ».
L’écart accablant entre conscience et vécu du sexisme au quotidien reste d’actualité cette année, voire se creuse : 92 % de la population considèrent que les femmes et les hommes ne sont pas
Rapport HCE 2024
traité·es de la même manière dans au moins une des sphères de la société.
Cette situation alarmante se perpétue par la reproduction de ces schémas. « 74% des femmes n’ont jamais envisagé de carrière dans les domaines scientifiques ou techniques », laissant le numérique et la création des IA et algorithmes aux hommes. Par ailleurs, souligne le rapport « les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence que 64% des hommes de 25-34 ans disent imiter dans leurs relations sexuelles ».
Une combinaison qui s’illustre dans le ressenti des femmes puisque 9 sur 10 d’entre elles « déclarent avoir personnellement subi une situation sexiste ». Le HCE recommande l’adoption d’un plan d’urgence fondé sur 3 piliers : éduquer, réguler les contenus numériques et sanctionner en faisant du délit de sexisme un outil simplifié que les citoyens et les juges doivent s’approprier. A quelques jours de la première journée nationale contre le sexisme portée par des associations féministes, le HCE appelle à « faire du sexisme une histoire ancienne ».