La 49ème édition du Festival de cinéma Américain de Deauville fait la part belle aux réalisatrices dans sa sélection de films en compétition. Beaucoup d’entre elles présenteront leur premier long métrage. Focus sur des femmes qui prennent le pouls de la société américaine.
Malgré la grève des scénaristes à Hollywood et l’annulation de la venue de Natalie Portman, Jude Law ou Peter Dinklage, protagoniste de la série Game of Thrones, la compétition va révéler le travail de 8 réalisatrices sur les 14 films sélectionnés. Et comme chaque année, une mozaïque va se dessiner, dressant un portrait intime et social de l’Amérique.
Roxine Helberg présentera Cold Copy, son premier long métrage dont elle est également la scénariste. Française diplômée de l’American Film Institute Conservatory, elle réalise des courts métrages. « Chaque histoire c’est comme si je révélais un secret et j’ai envie d’être engagée constamment et d’engager les autres » confie-t-elle dans un portrait filmé. La réalisatrice a travaillé sur les séries Big Little Lies et Sharp Objects, et a assisté Jennifer Lynch sur la huitième saison de la série American Horror Story. Un CV impressionnnant qu’elle complète avec la réalisation de films publicitaires. (Victoria Beckham, Disney Princess, Rebook …).
Aitch Alberto est entrée dans le cinéma comme réalisatrice de court métrages et scénariste. Mais ce sont les séries qui l’ont propulsée dans le grand bain. Elle participe à l’écriture de Duster, série policière créée par J.J. Abrams et LaToya Morgan pour HBO Max, et Little America d’AppleTV+ nommée aux BAFTA. Elle présentera Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers, une adaptation d’un roman jeunesse à succès fondé sur l’amitié de deux adolescents. « Je voulais raconter une histoire profondément masculine mais aussi douce, avec un regard plus empathique et plus compatissant que ce que nous avons l’habitude de voir, en particulier lorsqu’il s’agit d’histoires latino-américaines, où les hommes sont souvent dépeints comme violents et d’une manière qui s’appuie sur des stéréotypes » déclare-t-elle au magazine The Queer Review.
Gabriela Cowperthwaite, écrivaine et productrice a réalisé des films documentaires pour National Geographic, ESPN, Animal Planet, The History Channel et Discovery Channel. Sa filmographie se compose de City Lax : An Urban Lacrosse Story, suivi trois ans plus tard de Blackfish, centré autour de l’exploitation des orques en captivité et auréolé d’un Award au Festival de Sundance. Après son premier film de fiction Our Friend, la réalisatrice s’attaque à un thriller spatial ISS porté par Ariana Debose. Des genres très différents qu’elle justifie dans une interview lors de la sortie du film au Festival de Tribeca. « J’aime ce sentiment que l’on éprouve quand on sait que l’on n’est pas dans son élément. Parce qu’alors, vous n’avez pas d’autre choix que d’apprendre. C’est l’un des moteurs de mon travail : ne pas répéter exactement ce que je viens de faire. »
Joanna Arnow explore sa propre histoire dans son premier documentaire I hate myself en documentant sa relation d’un an avec un poète-provocateur raciste. Prix du jury au Festival de Berlin 2015 avec le court métrage Bad at Dancing, la new yorkaise présente son premier long métrage de fiction La Vie selon Ann. Une trentenaire juive new-yorkaise raconte sa pratique du BDSM,(Bondage, Domination, Soumission, Sado-Masochisme) mais aussi la manière dont elle s’accommode avec l’érotisme de la soumission de son travail à sa famille « J’aime faire un travail personnel qui s’appuie sur ma propre expérience mais j’aime aussi la liberté de faire de la fiction. (…) Je joue une version de moi-même » explique la cinéste dans un entretien lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.
Celine Song livre son premier long métrage de fiction après une jeune carrière au théâtre. La dramaturge et scénariste sud coréenne est remarquée pour « Endlings » en 2019, et l’année suivante pour son adaptation de « La mouette » de Tchekov. elle participe à l’écriture de la première saison de La Roue du temps et de « Past Lives » son premier film. Remarqué aux Festivals de Sundance et de Berlin, l’histoire d’une amitié d’enfance qui se perd et se retrouve une décennie plus tard. « La façon dont le temps peut nous façonner me fascine. Parfois, je sens que je suis encore une fillette de 12 ans, même si je sais pertinemment que je ne le suis plus » explique-t-elle à La Presse.
Marian Mathias a tapé dans l’oeil du Festival de Cannes qui sélectionne en 2017 son court métrage de fin d’études de la Tisch School of the Arts de l’Université de New York. Une révélation puisqu’elle développe son premier long métrage Runner au sein de la Résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes et du Production Bridge Program du Festival de Venise. Elle a remporté le prix du jury du Festival International de San Sebastien. « (…) Une chose que j’aimerais vraiment que les gens retiennent du film, c’est de prendre soin les uns des autres ».
Désignée comme l’un des « 25 nouveaux visages du cinéma indépendant » par le magazine Filmmaker, Hannah Peterson a été à bonne école puisqu’elle s’est formée sous la houlette des cinéastes Sean Baker et Chloé Zhao oscarisée pour Nomadland. Avec The Graduates son premier long métrage, la réalisatrice explore l’un des maux de la société américaine, une fusillade de masse dans un lycée. « Depuis « East of the River », (NDLR : son court métrage en 2019) je savais que je voulais raconter une histoire contemporaine de passage à l’âge adulte dans le système scolaire public américain (…).»
Jacquelyn Frohlich est née et a grandi à Bogota en Colombie dans une famille ayant fui l’Allemagne nazie. Réalisatrice et scénariste, elle a publié plusieurs romans avant de passer derrière la caméra. Après avoir produit, écrit et réalisé quatre courts métrages, elle signe Wayward, son premier long métrage.