OSCARS : LE COMPORTEMENT TOXIQUE DES MÂLES ALPHA INVISIBILISE LES LAURÉATES JANE CAMPION, JESSICA CHASTAIN ET ARIANA DEBOSE

Oscars 2022

Jane Campion a reçu hier l’Oscar de la meilleure réalisatrice, la cérémonie a sacré Jessica Chastain meilleure actrice et Ariana DeBose meilleur second rôle secondaire. Le comédien Will Smith a reçu la statuette du meilleur acteur après avoir giflé Chris Rock pour une mauvaise blague sur sa femme l’actrice et chanteuse Jada Pinkett Smith. Un évènement (trop) médiatisé qui a éclipsé le sacre des lauréates.

Après plusieurs années de perte d’audience la cérémonie des Oscars 2022 a retrouvé de quoi susciter l’intérêt. Cette nuit là ,Will Smith a assuré le show façon virile en frappant le comique Chris Rock qui s’est moqué de l’alopécie de sa femme. Testostérone au rendez vous, qui n’a pas empêché le cogneur de recevoir la statuette du meilleur acteur, les larmes aux yeux. Mais le plus important n’est pas là. Le problème réside dans le traitement médiatique qui met de côté les femmes oscarisées et se complait à parler du comportement toxique et sexiste des mâles alpha qui en sont venus aux mains.

Pourtant les femmes sont à l’honneur de cette édition des Oscars 2022. La cinéaste zélandaise est la 3ème femme à recevoir le graal des récompenses. Son film The Power of the Dog, néo western diffusé sur Netflix a été nommé dans pas moins de 12 catégories. Déjà lauréate de l’Oscar du meilleur scénario en 1994 pour La leçon de piano, Jane Campion succède à Chloé Zhao, récompensé l’an dernier pour Nomadland. Kathryn Bigelow avait ouvert la voie pour Démineurs en obtenant la statuette de la meilleure réalisatrice en 2010.

Des discours militants

Jessica Chastain obtient l’Oscar de la meilleure actrice pour Dans les yeux de Tammy Faye, film dans lequel elle incarne une célèbre télévangéliste devenue icône LGBT. L’occasion de prononcer un remerciement politique soulignant la discrimination des personnes LGTB : « Nous vivons dans une période où les élus de notre pays passent une législation rétrograde ».

Ariana DeBose est repartie avec la statuette pour son interprétation d’Anita dans West Side Story, le remake de Steven Spielberg du film de 1961 réalisé par Jerome Robbins et Robert Wise. L’actrice a commenté sur scène : «(…) vous voyez une femme de couleur queer, une Afro Latina, qui a trouvé sa force grâce à l’art. Et je crois que c’est ce que nous sommes venus, ici, célébrer ». Sur son compte Instagram elle a poursuivi : « A toutes les personnes qui se sont un jour posé des questions sur leur identité, ou ont l’impression de vivre dans une zone grise : il y a de la place pour nous. »

Un palmarès éclipsé par la masculinité toxique

Des messages forts dont la portée a été atténuée par la médiatisation du coup de sang de Will Smith, illustration patriarcale de l’ego blessé d’un homme qui ne soucie pas de savoir si sa femme aurait souhaité une telle réponse. Agir à la place de sa femme sur un mode propriétaire. Dans une chronique dans le quotidien Le devoir, Emilie Nicolas souligne de quelle manière la défense de femme offensée se déplace sur le terrain d’une masculinité guerrière. « Ce qui compte, au fond, c’est moins que tu la respectes, elle, que tu me craignes, moi.»

Disserter sur le pourquoi et le comment de cette gifle dans une cérémonie où l’improvisation n’a pas sa part revient à effacer purement et simplement les lauréates du plus prestigieux prix cinématographique. Cette 94 ème édition des Oscars a proposé un palmarès réjouissant, dommage.

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