La cour criminelle du Vaucluse a donné pour la dernière fois la parole à Gisèle Pélicot, elle entendra également Dominique Pélicot, puis ce sera le temps des plaidoiries et du réquisitoire.
Ce matin, 19 novembre 2024, Gisèle Pélicot, 71 ans, a livré un témoignage marquant lors de sa dernière prise de parole au procès des viols de Mazan, dénonçant avec force les silences et les mécanismes de banalisation des violences sexuelles. Face aux 50 accusés, dont son ex-mari Dominique Pélicot, elle a pointé les responsabilités individuelles et collectives dans un système qui protège les agresseurs et réduit les victimes au silence.
« Je viens d’entendre le dernier coaccusé. J’ai entendu beaucoup de choses inaudibles. Je savais à quoi j’allais être opposée dans ce public. J’ai vu défiler à la barre ces individus. À quel moment, quand vous pénétrez dans cette chambre, madame Pélicot vous a donné son consentement ? Et pourquoi ne pas sortir immédiatement et aller dénoncer à la police ? », at-elle interrogé.
Faire évoluer la société
Lors de son intervention, Gisèle Pélicot a également pointé les justifications avancées par les accusés : « J’ai entendu des versions différentes comme « j’ai été drogué par un verre d’eau », « j’ai pris un zolpidem », « j ‘ai été téléguidé par mon cerveau »… J’ai tout entendu. C’est intéressant de les entendre, car on se dit : à quel moment ils n’ont pas pas percuté. » Puis, elle a asséné des mots forts, qui résonnent bien au-delà du prétoire : « Pour moi, ce procès, c’est le procès de la lâcheté. Il est grand temps que la société ouvre le regard sur cette société machiste, patriarcale où l’on banalise le viol. »
Ce procès, débuté en septembre à Avignon, est un symbole du combat pour briser la culture du silence autour des violences sexuelles et de la soumission chimique. Pendant près d’une décennie, Gisèle Pélicot a été droguée par son mari, puis livrée à des viols répétés par des inconnus sans en avoir conscience. Son courage de témoigner publiquement et de renoncer au huis clos a permis de mettre en lumière l’ampleur de ces violences. Elle avait déjà affirmé en début de procès : « Ce n’est pas du courage. C’est de la détermination et de la volonté pour faire évoluer cette société. »