Après 50 ans les seniors sans emploi ni retraite seraient un tiers à vivre sous le seuil de pauvreté. La direction de la recherche du ministère de la Santé (DREES) vient de publier une étude édifiante. Un départ à la retraite plus tardif et un chômage important créent des « poches de pauvreté » parmi cette population. Mais qui s’en soucie ?
Il faudra sûrement plus que l’étude publiée pour qu’une prise de conscience opère dans la société. Et pourtant la DRESS fait un constat sans appel. « En 2015, 1,4 million de personnes âgées de 53 à 69 ans résidant en France métropolitaine, soit 11 % des personnes de cette tranche d’âge, ne perçoivent ni revenu d’activité ni pension de retraite ». Etiquetés NER, ils seraient 32% à vivre sous le seuil de pauvreté contre 7 % pour les seniors en emploi ou à la retraite. Alors que l’âge du départ à la retraite s’allonge ainsi que l’espérance de vie quelle est la part de la population la plus touchée ?
Majoritairement des femmes
Les femmes sont surreprésentées dans cette catégorie. Elles sont deux sur trois dans ce cas, contre une sur deux chez les seniors en général rapporte l’étude. En moyenne âgés de 58 ans les NER sont plus jeunes que les retraités (64 ans). Et moins diplômés. « La moitié n’ont pas de diplôme ou ont obtenu le brevet des collèges ou un Cetificat d’Etudes Primaires (CEP) comme diplôme le plus élevé ». Paradoxalement plus jeunes que les retraités cette partie de la population se déclare en plus mauvaise santé. « 29 % se déclarent en mauvais ou très mauvais état de santé et 30 % ont une reconnaissance administrative de handicap, contre, dans les deux cas, 11 % de l’ensemble des seniors ».
Margaux Gilquin le visage des statistiques
Les seniors sans emploi ni retraite éloignés du marché du travail
Plus éloignés du marché du travail que les 25-52 ans sans emploi les NER ne s’inscrivent pas dans une démarche de retour à l’emploi. « 13 % de ces seniors sont des chômeurs, au sens du Bureau international du travail (BIT) » alors que les 25 à 52 ans sans emploi sont deux fois plus nombreux à être au chômage. Le rapport note que le sentiment d’éloignement du marché du travail et le découragement prédominent. « 32 % d’entre eux pensent qu’ils ne trouveront pas d’emploi et 10 % estiment qu’il n’y a pas d’emploi disponible dans leur domaine de compétence ». A côté de ce défaitisme lié à des raisons objectives s’ajoutent les seniors qui ne souhaitent pas travailler. » Essentiellement pour raisons de santé (42%).
1265 euros par mois
32% des seniors sans emploi ni retraite vivent avec un revenu moyen de 1265 euros par mois. Alors qu’il est inférieur à celui des seniors en emploi (2 090 euros mensuels) ou des retraités (1 860 euros mensuels). Et ce serait sans doute pire sans les aides sociales. « Ainsi, sans transferts sociaux et fiscaux, 45,6 % de ces seniors seraient pauvres, contre 32,1 % après redistribution ». Par ailleurs le statut du foyer accroit ou modère cette pauvreté. « Les seniors NER qui vivent en couple et dont le conjoint travaille ou est retraité ont un taux de pauvreté (environ 18 %) très inférieur à celui de l’ensemble des seniors NER ». L’étude nuance ce constat de pauvreté en indiquant qu’un quart de ces seniors se situent parmi les 40 % des ménages les plus aisés. Et ce en raison du statut d’activité du conjoint.