A la tête de Teepy Job, Jean Emmanuel Roux démontre que contrairement aux stéréotypes en vigueur, les seniors représentent une population indispensable pour les entreprises. La plateforme de jobs de dépannage est devenue en deux ans un site de recrutement performant.
Oubliez le discours ambiant sur l’obsolescence au travail des plus de 50 ans. Jean Emmanuel Roux, le fondateur de Teepy Job les remet au centre de l’économie. « Il y a beaucoup d’entreprises qui ont une pénurie de main d’oeuvre qualifiée et de l’autre côté il y a des seniors. » Une mane qui se profile entre jeunes retraités et et population en recherche d’emploi. « 920 000 personnes de plus de 55 ans sont inscrits à Pôle Emploi, il y a 700 000 auto entrepreneurs et 300 000 font partie de la catégorie B qui ont une activité réduite » dénombre l’entrepreneur qui a fondé sa start up en 2018 sur ce constat.
Parmi les 12 000 candidats âgés de 50 à 75 ans qui ont rejoint Teepy Job, 42% sont des femmes. Les femmes inscrites sur la plateforme sont souvent séparées ou divorcées. « Il y a plusieurs types de profils, soit de jeunes retraitées qui souhaitent garder un lien social, soit des femmes qui recherchent des compléments à leurs retraites souvent très faibles » constate Jean Emmanuel Roux. Leur domaine d’expertise se retrouve dans le secteur social : auxiliaires de vie, aide à la personne … Des métiers de services que les jeunes ne veulent pas exercer. Ce sont des femmes qualifiées qui ont une expertise. Secrétariat, hotellerie restauration, vente et distribution et nettoyage complètent les secteurs occupés majoritairement par les profils féminins sur le site.
Valoriser la reprise du travail
Car contrairement à Pôle emploi qui n’a pas grand chose à proposer aux plus de 50 ans et leur propose de les former à un autre métier, la démarche de la plateforme s’appuie sur l’expertise de référence du candidat. « Nous somme à l’inverse de cette démarche » souligne le fondateur de la start up lyonnaise, il faut valoriser la reprise du travail, même si cela ne passe que par quelques jours au sein d’une entreprise. Parmi les 2000 recruteurs de la communauté Teepy Job, Jean Emmanuel Roux constate depuis 2019 l’intérêt de grandes entreprises. « Elles ne viennent pas par défaut, elles considèrent qu’un senior qui vient travailler est motivé, est fiable ».
Selon Bpifrance Le Lab et Rexecode, 82% des entreprises ayant cherché à recruter au cours des 12 derniers mois ont signalé des difficultés de recrutement.
Baromètre « Trésorerie, Investissement et Croissance des TPE et PME » du deuxième trimestre 2019 de Bpifrance Le Lab et Rexecode
Le discours des DRH s’infléchit. Ainsi cette entreprise de transport en flux tendu qui vient recruter des chauffeurs seniors. « La responsable du recrutement considère qu’ils apportent de la stabilité à l’entreprise contrairement aux plus jeunes qui une fois formés ne restent pas ». Toutefois, il faut modérer cet enthousiasme, les emplois des plus de 50 ans viennent pour l’instant répondre à un besoin ponctuel. La course aux seniors ne ferait que commencer pour l’observateur du marché de l’emploi des plus de 50 ans. Un optimisme béat ? Non, au regard des données démographiques des prochaines décennies.
6 millions de baby boomers retraités en 2026
Il y a aujourd’hui 6 millions de baby boomers qui seront tous retraités en 2026, donc moins d’actifs et surtout une supériorité numérique dans la composition de la pyramide des âges. « Même si les entreprises ne veulent pas de seniors, elles n’auront plus le choix. Cette population fera partie du monde économique jusqu’à 75 ans » pronostique Jean Emmanuel Roux. Les cinquantenaires prennent soin de leur forme physique et ne ressemblent à l’image des retraités de la génération précédente. Hors, c’est toujours cette représentation qui prévaut encore au sein de l’entreprise et de la société.
Un rôle de transmission
Si cet « engouement » pour les seniors est contraint par des raisons démographiques, il faut souligner que leur rémunération reste celle d’un « extra job », sous payé par rapport à l’expertise apportée. « Mais cela va changer. Si demain on a besoin de seniors avec les meilleures compétences, le marché va faire qu’on va relever leur niveau de salaire » note le fondateur de la plateforme. Les compétences ne sont pas les seuls atouts de ces travailleurs expérimentés. A l’heure où le gouvernement prone la valeur de l’apprentissage, les seniors sont en première ligne. « Ils ont un vrai rôle de transmission à jouer au sein de l’entreprise ». Le futur du travail les intégrera dans des équipes inter générationnelles poursuit Jean Emmanuel Roux.
Teepy Job, une plateforme nationale
Le site se déploie sur la Région Parisienne avec 45% des candidats basés en Ile de France, puis en région Auvergne Rhone Alpes et en Occitanie. « Les principaux pôles économiques du territoire. « Nous avons monté le rouage qui manquait entre les entreprises et les seniors. Nous sommes une porte d’entrée entre ces deux mondes ». Avec 3,2 millions de chomeurs, la start up déconstruit les stéréotypes sur les plus de 50 ans. « Une députée m’a dit : c’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui a un discours positif sur l’emploi des seniors ». Il va falloir s’y faire !
www.teepyjob.com
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