DROITS DES FEMMES : DES SLOGANS AUX HASTAGS

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Photo d’illustration ©lindsey-lamont/Unsplash

Des slogans libertaires de mai 68 à #Metoo les revendications des droits des femmes se sont écrites sur des banderoles, puis se sont diffusées sur les réseaux sociaux avec les hastags. Puissants ou éphémères, ces mots clés sont des bannières de ralliement qui interrogent, réunissent ou divisent la société. Revue de ces hymnes.

En 68 il y a les pavés sous la plage et un seul mot d’ordre : « il est interdit d’interdire ». Ce nouveau mantra qui fissure une société figée malgré la croissance ne s’adresse pas spécifiquement aux femmes. L’heure est au bouleversement des codes. La génération étudiante d’alors rejette en bloc toute autorité. Celle du général de Gaulle, de leurs parents, de leurs professeurs. Globalement tout ce qui tient à la hiérarchie des âges. Le slogan « Sois jeune et tais toi » marque la contestation de ceux qui ne sont pas encore les « millenials ».

« Jouir sans entrave »

L’historienne Malka Marcovich, experte internationale des droits des femmes contextualise l’ultime expression « jouir sans entrave », joyeuse au premier abord, elle se fait au détriment des femmes. « On transformait les ados en aguicheuses, on achetait des posters de David Hamilton. Le corps des grands-mères est sorti décorseté du 19 ème siècle, puis est sorti des jupes pour le pantalon. Après, il n’y avait plus qu’à écarter les jambes. Les violences sexuelles ont été faites au nom de la liberté. Ils disaient c’était l’époque ! Mais que sont devenues ces enfants  ? ». Discours peu entendu, les luttes se sont fait au fil des décennies plus précises.

Très vite, émerge le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) en 1970. Des militantes déposent une gerbe sur la tombe du soldat inconnu accompagnée de ces mots : « ll y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ». Un point de départ ou année zéro du féminisme qui revendiquera une place pour les femmes dans la société. « Un homme sur deux est une femme » scande le collectif. « Mon corps est à moi » accompagnera les manifestations qui précèdent le vote de la loi Veil de 75 autorisant l’avortement et affirme que le corps des femmes est central dans les luttes.

#MeToo

Sans se substituer l’un à l’autre les slogans rebondissent quelques décennies plus tard sous forme de hastags avec chaque remise en cause de ce droit fondamental. « My body my choice » réaffirme le droit des femmes à garder le contrôle de leur corps à chaque recul de cette liberté. Avec les réseaux sociaux, les messages de lutte deviennent des hastags. #MeToo signe l’ère digitale des revendications . Relancé dans le sillage de l’affaire Weinstein par l’actrice Alyssa Milano, le hastag libère la parole des femmes agressées sexuellement. A sa suite, #balancetonporc marque la version française.

Le récent #jesuisvictime a réuni sur Twitter des milliers de témoignages sur les violences sexuelles en réponse à la soirée des « César ». La riposte est immédiate, le # est une bannière fédératrice. Dans l’ère post MeToo, la viralité est une force. #JaiPasDitOui lancé par l’association Nous Toutes dénonce le non respect du consentement des femmes. A chaque combat sES hastags. A l’étranger, les afghanes se battent pour conserver leur prénom avec #WhereIsMyName. En 2014, un mouvement mondial réclame les jeunes filles enlevées par le groupe Boko Haram avec #BringBackOurGirls. Des personnalités s’engagent Michelle Obama en tête.

Ce nouveau mode de lutte s’accompagne aussi du retour d’affiches créatives. En réaction aux féminicides, des collages habillent les murs urbains. « Aux femmes assassinées, la patrie indifférente », « Elle le quitte, il la tue ». Le collectif informel Collage féminicide reprend la rue pour s’exprimer, tout comme Merci Simone qui colore de façon pop l’espace urbain avec des portraits de Simone Veil afin que sa loi perdure.

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