POURQUOI L’INVISIBILISATION DES SAGES-FEMMES IMPACTE LA SANTÉ DE TOUTES LES FEMMES

greve des sages-femmes
illustration ©Pexels

Aujourd’hui jeudi 7 octobre, les sages-femmes sont en grève sur le territoire. Malgré l’annonce d’Olivier Véran de reconsidérer les salaires d’une profession à 97% féminine, les professionnelles de santé alertent sur leurs conditions de travail et un statut peu valorisé au sein de l’hopital.

Sur Twitter une sage-femme résume les raisons de la colère. « Je suis en grève pour une reconnaissance de mon statut médical et une rémunération plus juste, mais au delà de ça je suis en grève pour dénoncer la dégradation de la.prise en charge des femmes et des nouveaux nés ». Ce tryptique a provoqué un mouvement de grève inédit dans la profession. Cette fois ci visible, elle impacte directement les services. C’est en effet la 4ème mobilisation nationale depuis la rentrée. En cause l’impression de ne pas être entendue et ce depuis des années.

La profession demande une valorisation de son statut. Trop souvent considérées comme des paramédicales, ( y compris dans leur rémunération) les sages-femmes revendiquent leur spécificité acquise au terme de 5 années d’études. Le rapport de l’IGAS remis en juillet 2021 sur l’évolution de leur profession préconise la création d’un statut d’agent public spécifique. Une proposition pour valoriser la place des sages-femmes qui souffrent d’un manque de reconnaissance dans le parcours de la grossesse.

Les sages-femmes réalisent 87,4% des accouchements

Pourtant, la présence des sages-femmes sécurise l’accouchement. Elles sont, rappelle le rapport en «1ère ligne». En 2016, 87,4 % d’entre eux sont réalisés par des sages-femmes, principalement lorqu’il n’y a pas de complication. Avec des compétences sans cesse élargies rappelle la coordination de la grève, les salaires ne suivent pas. De moins en moins attractifs, les effectifs sont en baisse et impactent directement la sécurité des femmes. En novembre 2020, Anna Roy, sage-femme avait dénoncé sur son compte Instagram la maltraitance «institutionnelle » dont elle était involontairement complice.

Pour que cet enfant vive : je laisse une femme sans péri(durale) qui hurle de douleur faute d’accompagnement. Elle est venue seule et elle comptait sur moi. Son conjoint l’a quitté pendant la grossesse. Maltraitance. Je laisse une femme dont le travail n’avance pas, je ne la posture pas, j’administre pas pas ce que je devrais injecter, je ne fais rien de ce que je devrais. Je majore son risque de césarienne faute de temps. Maltraitance.Je laisse des femmes désespérées en salle d’attente dont une qui vient parce que son bébé ne bouge plus. Maltraitance. Je ne peux pas passer la main à mes collègues, elles peinent tout autant que moi à gérer leurs patientes, à sauvegarder la vie. »

Anna Roy

De multiples compétences peu connues

Les compétences des sages-femmes sont multiples et certaines méconnues. « On fait le suivi gyneco des femmes en bonne santé (les frottis, l examen des seins etc) et on prescrit les examens complémentaires nécessaires (…) On prescrit tout et on pose (…) les stérilets » détaille une internaute sur Twitter. « Nous invisibiliser c’est nous mépriser et mépriser les femmes qui peuvent avoir besoin de nos services » conclut-elle. Trop souvent associée uniquement à la maternité, les sages-femmes peuvent assurer le suivi gynécologiques des femmes du début (règles) à la fin de leur parcours hormonal (ménopause).

Claudine Schalk, sage-femme a dénoncé dans une tribune publiée dans « Le Monde » le patriarcat qui sous tend le rapport de l’IGAS. Et cite cette note qui statufie le pouvoir médical au masculin. « Toutefois, les gynécologues représentent l’autorité médicale, intellectuelle et morale, construisent les connaissances sur la grossesse et les accouchements et définissent les principes de fonctionnement dans les maternités ». Fermé le ban pour la demande d’autonomie des sages-femmes. La revalorisation de leur salaire annoncé par le ministre de la santé sera effectif en janvier avec une prime de 100 euros brut et une hausse de salaire de 100 euros net par mois s’ajoutent aux 183 euros prévus par le Ségur de la santé.

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