POUR « CHUT! » LE MAGAZINE ÉTHIQUE DE LA TECH, LE NUMÉRIQUE DOIT INCLURE LES FEMMES

Aurore Bisicchia co fondatrice de Chut!
AuroreBisicchia ©ValentineZeler

Trop souvent assimilé au monde des start up, le numérique possède son Secrétariat d’Etat. Reconduit à sa tête lors du dernier remaniement gouvernemental, Cédric O pilote un ministère stratégique. Et si les nominations de Gérald Darmanin et Eric Dupont-Moretti ont à juste titre éclipsé la nouvelle, il est aussi question de pouvoir et de féminisme. Nous avons demandé à Aurore Bisicchia, co-fondatrice du magazine Chut! d’analyser les enjeux d’un univers qui reste excluant pour les femmes.

La crise sanitaire a mis en exergue la prédominance du numérique. Télé travail, visio conférences, webinaires … Une explosion de l’utilisation d’outils digitaux très vite adoptés pour pérenniser liens professionnels et privés. « On s’est bien rendu compte que beaucoup de choses pendant cette période reposait sur les femmes mais aussi sur tous ces acteurs du numérique. Et qu’il y a un enjeu de pouvoir à être une force dans ce domaine » souligne Aurore Bisicchia, co-fondatrice de Chut!, le magazine web et papier qui décrypte le monde numérique sous un prisme inclusif et éthique.

Pour éviter la fracture numérique, il est parfois souhaitable de ne pas l’utiliser. Il devrait être possible de ne pas passer par un site internet pour déclarer ses impôts.

Le numérique ne se réduit pas aux réseaux sociaux

Refusant de réduire le numérique aux smartphones et aux « conversations sur les réseaux sociaux », le magazine édité par Aurore Bisicchia et Sophie Comte donne une dimension sociétale à un univers qui transforme durablement la société. « Ecouter le numérique c’est aussi analyser sa dimension sociologique ou écologique «  argumente l’éditrice de presse. Et de citer l’exemple de la 5 G. « Beaucoup de gens ne s’y intéressent pas et pour la plupart, c’est juste plus rapide mais peu mesure les enjeux de consommation de data et de pollution que cela implique ».

Il faudrait que le Secrétariat d’Etat joue un role politique pour un numérique inclusif, ouvert et responsable.

Comment apprend on le numérique ?

Le 3ème numéro en cours de financement participatif qui sortira à la rentrée, intitulé « va vis et apprend » interroge l’impact des nouvelles technologies sur le savoir. « On avait l’envie avec la crise sanitaire de regarder de quelle façon on apprend avec le numérique » commente Aurore Bisicchia. Un sujet qui bouleverse la notion classique de l’apprentissage réservé à l’école. « Que ce soit en autodidacte ou via des formations, on est élève permanent du numérique. Alors comment fait-on pour embarquer tout le monde et à tout âge ? ». Le stéréotype des 50 ou 60 ans inaptes au numérique a fait long feu. « On ne met pas le même dispositif de formation pour des scolaires et des gens déjà expérimentés. On s’adresse à l’apprenant de façon différente ».

Le geek s’éloigne et une multitude de sujet transversaux apparaissent. Agritech, écologie, enjeux écologiques, biais sexistes induits par des algorithmes majoritairement conçus par des hommes, le numérique bouleverse en profondeur la société. Et tout particulièrement l’égalité femme homme. « Ca se joue dans la cour d’école, ce qui est effarant c’est que ce n’était pas comme ça il y a 30 ou 40 ans. C’est une construction sociétale de d’écarter les femmes dans ce domaine. Dans les années 80, on a sorti  la game Boy pas la game Girl !« . Même si aujourd’hui de nombreuses initiatives mettent le code à portée de souris des plus jeunes et des femmes.

Un levier d’émancipation pour les femmes

Car la tech est un puissant levier d’émancipation pour les femmes. « Sans trop d’études on accède à des postes bien rémunérés » note Aurore Bisicchia. Un choix qui doit aussi pouvoir s’opérer tout au long de sa vie professionnelle, surtout à l’heure où les carrières ne se construisent plus dans une seule entreprise. « Maitriser la tech ne se résume pas à savoir envoyer un post sur les réseaux sociaux ». Il y a une utilisation citoyenne du numérique qui va au-delà de l’engouement des nouveaux outils pointe la co-fondatrice de Chut!. L’essence même du magazine est « d’affirmer un certain militantisme » dont le 1er numéro exprimait la philosophie : La femme est l’avenir de la tech.

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