ELLES PORTENT LE FÉMINISME À TRAVERS LES LIVRES JEUNESSE

Junior lisant
Junior lisant

La littérature féministe est un genre à mettre entre toutes les mains. Même dès le plus jeune âge au regard de récentes publications. Un mouvement illustré dans l’édition avec Francesca Cavallo et Elena Favilli auteurs de « Good night stories for Rebel Girls ». 100 portraits de femmes qui ont changé le monde en réponse à la domination des héros masculins dans la littérature jeunesse. Sur le même mode, Chelsea Clinton, publie entre autres activités  » She persisted ». Là encore 13 portraits de femmes américaines dont la réussite a couronné leur persistance. Le titre reprend le slogan féministe porté par les démocrates en soutien à la sénatrice Elizabeth Warren empêchée de lire une lettre par le représentant des Républicains au Sénat. Le propos pourrait n’être qu’anecdotique si ce mouvement à l’égard des plus jeunes lecteurs ne trouvait un écho dans la littérature. « Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe » publié par l’écrivaine négériane Chimamanda Ngozi Adichie met l’accent sur la nécessité d’éduquer les enfants au féminisme. Une urgence qu’Emma Watson médiatise largement en entrainant les parisiens dans un jeu de piste pour mettre la main sur l’un des 100 exemplaires de « la servante écarlate ». Le roman féministe de Margaret Atwood publié en 1985 est aujourd’hui l’un des symboles de la résistance à l’Amérique de Trump.

Au sein de leur start-up Timbuktu – pays imaginaire – , Francesca Cavallo et Elena Favilli, respectivement metteure en scène et journaliste constatent à la lecture de l’étude réalisée par le département de sociologie de l’Université de Californie que les livres pour enfants valorisent massivement le héros. Pas d’héroïne hormis les sempiternelles princesses en attente de chevaliers auréolés d’aventures intréprides. Elles imaginent alors la série « Rebel Girls » en 2016. Une réponse sous forme de modèles féminins à suivre. « Une source d’inspiration pour tout le monde, homme, femme, enfant ( dès l’âge de 4 ans) ou adulte ». Déplorant une littérature jeunesse figée depuis une vingtaine d’années, Elena et Francesca dépoussièrent le genre. Virginia Wolf, Frida Kahlo, Joan Jette, Serena Williams ou Hillary Clinton. Le ton séduit et une campagne de crowdfunding d’un montant record de 1,2 millions de dollars finance le projet. Le tome 2 suit.

 

good night stories for rebel girls
good night stories for rebel girls

 

Pourtant pas en manque de modèle féminin, Chelsea Clinton fait le choix de 13 femmes emblématiques américaines. Toutes ont « persistées » pour changer le monde et vaincu des obstacles. Publié en mai dernier, « She persisted » raconte en autres les vies d’Helen Keller et Oprah Winfrey, de Nellie Bly, pionnière du journalisme. Hillary Clinton n’y figure pas. Elle apparaît sur une illustration dans son célèbre tailleur pantalon, code vestimentaire iconique du mouvement pro démocrate « Pantsuit nation » durant la dernière campagne présidentielle américaine. Quartz Média annonce pour septembre un 3ème déclinaison du genre sous la plume de Linda Skeers. « Women who dared » autrement dit les femmes qui ont osé. 52 histoires de casse-cous, d’aventurières et de rebelles.

 

Je voulais raconter la vie de femmes qui, à leur manière, dans leur domaine respectif, ont été des activistes. Il est difficile pour la plupart d’entre nous d’imaginer ce que l’on ne peut pas voir. Avec She Persisted, j’espère ainsi combler ce vide dans l’imaginaire des jeunes lectrices, en leur montrant ce qu’il est possible de faire, peu importe leurs rêves.

Chelsea Clinton

 

Capture d’écran She persisted de Chelsea Clinton
Capture d’écran She persisted de Chelsea Clinton

 

Pour Chimamanda Ngozi Adichie, le féminisme se transmet dans « Chère Ijeawele », Un manifeste d’éducation rédigé à l’origine pour l’une de ses amies, mère d’une petite fille, Chizalum. Elle développe 15 principes dont la base est la reconnaissance de la valeur de l’enfant. « Voici ce qui devrait être ton postulat féministe de base: je compte. Je compte autant. Pas ‘à condition que’. Pas ‘tant que’. Je compte autant. Un point c’est tout ». Initiatrice du slogan « We should all be feminists » – « Nous devrions tous être féministes »- inscrit sur les tee shirts blancs des mannequins Dior de la fashion week de septembre dernier, Chimamanda Ngozi Adichie agrémente son traité d’éducation de solutions apparemment anodines.  « Laisse les cheveux de Chizalum libres » conseille-t-elle. Pourquoi la beauté africaine devrait reprendre les codes occidentaux ?

 

Je suis convaincue de l’urgence morale qu’il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l’égard des femmes et des hommes.

 

Ce féminisme littéraire à vertu éducative est aussi brandi par Emma Watson, initiatrice d’un club de lecture féministe « our shared shelf »  (notre bibliothèque partagée). Dans le cadre de son mandat d’ambassadrice de bonne volonté de l’ONU femmes, l’actrice a récemment médiatisé le roman de Margaret Atwood paru en 1985, « La servante écarlate »  en en disséminant 100 exemplaires dans Paris. Un jeu de piste aux valeurs politiques. Dans un univers où elles ne sont plus que des prénoms, privées de tous droits et vêtues d’un uniforme, cape rouge et coiffe blanche les femmes encore fertiles sont contraintes de porter des enfants. Une résonnance avec la politique de Trump menaçant les droits fondamentaux des femmes.

 

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