A la veille du cinquantième anniversaire de la publication du manifeste original, 343 femmes déclarent avoir avorté hors des délais légaux dans un texte publié sur le site du Planning Familial. Elles demandent l’allongement du délai légal à 14 semaines.
La tribune signée par « 343 femmes et personnes pouvant vivre une grossesse » demande que le délai légal d’accès à l’IVG passe de 12 à 14 semaines. Parmi les signataires de ce texte, des femmes politiques (Laurence Rossignol, Clémentine Autain, Audrey Pulvar), des actrices réalisatrices (Béatrice Dalle, Julie Gayet, Andréa Bescon), des entrepreneuses (Emmanuelle Larroque, Isabella Lenarduzzi). Le texte rappelle sur la base du manifeste original que le droit à l’avortement reste « fragile ».
Depuis 1971 des évolutions positives…
Le 5 avril 1971, 343 femmes célèbres et inconnues déclaraient avoir avorté en toute illégalité. Le nouveau manifeste des 343 reconnait les évolutions positives de ce droit acquit avec la loi Veil. « Des améliorations ont été conquises de haute lutte : remboursement total, accès gratuit etconfidentiel pour les mineures, suppression de la notion de détresse etdu délai de réflexion pour mettre fin à la stigmatisation institutionnellede l’avortement. Enfin, le délit d’entrave à l’IVG – notamment digital – a été reconnu ».
Mais
Mais l’accès à l’avortement dans le délai actuel des 12 semaines reste « conditionné à notre situation socio-économique » écrivent les signataires. Un phénomène qui accentue les inégalités. « Les personnes concernées dotées de ressources pourront se rendre à l’étranger, dans des pays dont les législations plus progressistes leur permettront d’avorter dans des conditions sécurisées ». Quid des autres ? Une femme sur trois aura recours à l’avortement au cours de sa vie rappelle les statistiques.
Le Sénat retoque l’allongement du délai
La tribune conclut par ces mots, « En solidarité avec toutes ces femmes, je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. En France. A l’étranger. Au-delà du délai légal français. Je pourrais être l’une d’entre elles. Je suis solidaire ». En février dernier, une proposition de loi proposant l’allongement du délai légal pour une IVG a été retoqué par le Sénat. L’argument s’appuyait sur les recommandations de l’Académie nationale de médecine. Les femmes risquant une « augmentation significative des complications à court ou à long terme ». Une hypocritie générale pour la sénatrice Laurence Rossignol qui dénonçait : « Chaque année, on accepte que 1 500 à 2000 femmes se rendent à l’étranger pour pratiquer une IVG après la douzième semaine de grossesse ».
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