Les associations du cinéma sont à la manoeuvre pour redonner de la visibilité aux femmes de 50 ans avec l’initiative « A 50 ans elles crèvent l’écran » de la Maison du Film et la signature officielle du « Manifeste AAFA Tunnel des 50 » par l’ensemble de la profession et des syndicats. Une concordance bien venue qui met l’accent sur l’invisibilité des femmes de 50 ans dans tous les champs des métiers du 7 ème art.
Le cinéma n’en finit pas de sonder la société. Après l’affaire Weinstein qui révélait les pratiques sexistes et sexuelles imposées aux comédiennes, c’est aujourd’hui sur sa non représentation d’une importante partie de la population – une femme majeure sur 2 a plus de 50 ans en France – qu’il s’interroge. D’abord avec l’initiative de la Maison du Film qui lance la première édition de « l’aide sélective au développement de projets dédiés aux femmes de 50 ans ». Concrètement trois films seront accompagnés. Des courts métrages de fictions, docu-fictions, animations et expérimentaux, d’une durée maximale de 30 minutes, mettant en scène des femmes de 50 ans dans des premiers rôles.
On a compté : Dans les films français sortis en 2016 les actrices de plus de 50 ans c’est 6% …
Catherine Piffaretti
La représentation des femmes de plus de 50 ans est un enjeu de société
Sous le label « Sexisme, pas notre genre ! » mis en place en 2016 sous le gouvernement Valls 3 cette initiative rend compte d’un phénomène qui n’est pas anecdotique. C’est également ce que souligne le Manifeste porté par les comédiennes de l’AAFA signée officiellement le 12 décembre au Cinéma des cinéastes. « Rendre visible les femmes de plus de 50 ans dans les fictions est vraiment un enjeu de société » a expliqué la comédienne Marina Tomé qui mobilise la profession depuis plus d’un an. Car « ce qui n’est pas représenté.e n’existe pas » ponctue sa complice Catherine Piffaretti, mantra repris en choeur par les intervenantes sur scène.
Et tout l’enjeu est bien là. Le Manifeste à ce jour rappelle l’incohérence de la fiction par rapport à une réalité facile à chiffrer : une femme majeure sur deux a plus de 50 ans ! « Les fictions construisent (…) un imaginaire collectif. Nous sommes en 2018 coincés dans des représentations archaïques de la femme » s’indigne Marina Tomé. « Il faut prouver aux diffuseurs que si on représente la femme telle qu’elle est dans la société on va peut-être pas perdre d’argent et d’audimat » reprend pragmatique Claire de la Rochefoucauld co-présidente de « 25 images ». Là où est le nerf de la guerre !
il faut dire à cette société française que (…) la vieillesse n’est plus un naufrage(…) La vieillesse est associée à la notion de perte mais en fait on gagne beaucoup de choses en vieillissant. Il faut enlever un peu d’angoisse et d’anxiété à ce monde.
Fabienne Servan Schreiber
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