« NE BLAMEZ PAS LES FEMMES » : ACCUSÉES DE L’EFFONDREMENT DE LA NATALITÉ AU JAPON LES FEMMES SE DÉFENDENT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

baisse inquiétante de la natalité au Japon
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Confronté à l’effondrement de sa natalité, l’archipel nippon blame les femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfants et fait réagir les japonaises sur les réseaux sociaux.

Le Japon a enregistré moins de 800 000 naissances l’année dernière soit son taux le plus bas depuis qu’il fait l’objet de statistiques. Le premier ministre Fumio Kishida a alerté sur la situation démographique du pays estimant qu’elle menace « notre capacité à continuer à fonctionner en tant que société ». Une réalité dont les japonaises ne débattent pas officiellement puisque le pourcentage des femmes parlementaires n’est que de 9,5%. L’un des taux les plus bas des pays au monde.

Régulièrement dénoncé pour son traitement sexiste des femmes, le Japon n’interroge pas les raisons structurelles de ce qui éloigne les femmes de la maternité et préfère les accusées. La presse nippone relève que « le Japon a le taux le plus élevé de l’OCDE de femmes âgées de 50 ans qui n’ont jamais eu d’enfants » déclenchant une vague de réaction sur les réseaux sociaux avec le #lifelongchildlessness (sans enfant tout au long de la vie). «Ne blâmez pas les femmes pour le faible taux de natalité », a tweeté Ayako, une habitante de Tokyo de 38 ans sans enfant.

Les japonaises en charge du foyer

Car de nombreux facteurs expliquent ce constat. Un contexte culturel qui attribue aux femmes une place au sein du foyer et la charge éducative. Selon une étude gouvernementale réalisée en 2021 cité par Japon News Today «les femmes japonaises consacrent environ quatre fois plus de temps que les hommes aux tâches ménagères et à la garde des enfants» les empêchant d’emblée d’accéder à des postes de direction.

La politique de l’ancien premier ministre Shinzo Abe qui souhaitait que 30% de femmes occupent des postes à responsabilité en 2020 a fait long feu. Aujourd’hui le travail des femmes est caractérisé par des emplois à temps partiel et mal payés dont les conditions d’exercice sont aggravées par la difficulté d’accéder à des services de garde. Cependant, selon les données publiées pour 2022 par le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales les listes d’attentes pour obtenir une place en garderie aurait chuter de 90%. Un chiffre qui serait du aux réticences des femmes pendant la crise du Covid.

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Une prise de parole discrète sur les réseaux sociaux

Enfin, la crise économique n’aurait pas incitée les couples à devenir parents. Autant d’arguments que les politiques publiques devraient prendre en compte avant de stigmatiser les japonaises. Sur les réseaux sociaux, elles échangent souvent de façon anonyme sans que leurs paroles soient prises en compte par les politiques. Un faible écho pourtant que devrait relever les pouvoirs publics nippons coincés par une politique très stricte en matière d’immigration et une population vieillissante, la plus âgée au monde après celle de Monaco.

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