FÊTE DES MÈRES : « ZÉROMACHO » PROPOSE AUX HOMMES DE REPASSER POUR L’ÉGALITÉ

Repasser pour l'égalité
© Zéromacho

L’association « Zéromacho » était présente aujourd’hui à Beaubourg pour discuter de l’égalité des tâches ménagères entre les femmes et les hommes. Le but ? Proposer aux hommes de repasser pour engager un dialogue plus large sur les tâches quotidiennes qui forgent l’égalité. J’ai Piscine Avec SImone a discuté avec son co fondateur Frédéric Robert.

Quel est l’objectif de ce déploiement de tables et de fers à repasser ?

Nous essayons d être dans une forme de pédagogie, d’interpellation ou de lobbying en s’adressant à des gens qui sont très loin d’être conscientiser sur ces questions de partage des tâches ménagères. On a choisi de parler du repassage non pas pour dire c’est la Fête des Mères faites la vaisselle ! Mais pour avoir une clé d’entrée avec les hommes pour leur dire que contrairement à ce qu’ils disent ces tâches ingrates et répétitives restent quasiment dévolues aux femmes et cela a à peine changer depuis l’époque de nos parents.

« Zéromacho» est une association féministe ?

J’aurais aimé vous faire croire que c’est une initiative de mecs, mais comme d’habitude c’est une femme qui nous a réuni. Florence Montreynaud historienne, linguiste, qui avait co fondé les «Chiennes de garde». Elle avait travaillé sur la prostitution dans ce cadre là, avait interrogé plusieurs hommes. Elle avait aussi créé « la meute » qui s’intéressait à l’image des femmes dans la publicité. Et c’est dans ce cadre que je l’ai rencontrée. Je m’étais pointé du haut de mes 35 ans alors que j’étais très loin des questions féministes et cela avait été vraiment une découverte du féminisme et de mon engagement.

Comment passe-t-on de la question de la prostitution aux questions d’égalité ?

Sous son impulsion nous avons créé « Zéromacho ». Avec Gérard Biard rédacteur en chef de Charlie hebdo et Patrick Jean, le réalisateur du film « La domination masculine ». La prostitution est un sujet sur lequel tout le monde a un avis. Nous militions pour l’inversion de la culpabilité, parce qu’à l’époque les personnes prostituées étaient considérées comme délinquantes, nous souhaitions une politique abolitionniste. Et quand la loi est passée en 2016, nous avons décidé de nous ouvrir sur les questions d’égalité. Mais on s’adresse à l’homme de la rue car on n’a pas vocation à produire un savoir universitaire.

Comment se déroule votre action ?

Nous sortons nos planches à repasser, nos banderoles. On demande aux hommes s’ils savent repasser. C’est une clé volontairement simplificatrice pour amorcer un dialogue sur l’égalité. Les réponses sont unanimes, les hommes disent : « nous on est dans l’égalité ». Tous sont persuadés que l’égalité est déjà là. Ils sont stupéfaits d’apprendre que ça ne progresse pas. Et dans le continuum de la conjugalité, nous abordons les questions de violences. Si on parle beaucoup des violences sexuelles et physiques, il faudra parler aussi des violences plus invisibles, celles des hommes qui rabaissent leurs femmes en public de manière systématique.

Est-ce que le partage des tâches ménagères est mieux intégré par les jeunes générations ?

Oui. Chez les plus de 45 ans, il y a des blocages pour parler de ces sujets là. On a l’impression qu’ils sont a court de culpabilité et qu’il ne veulent plus en entendre parler. Quand on est comme moi, un homme blanc, hétéro, cis genre on s’apercoit qu’on cumule tous les privilèges possibles. Nous avons été élevés comme des jeunes coqs !

C’est difficile de déconstruire ces stérotypes de genre sur le partage des tâches ?

Ça fait 17 ans que je suis dans la conscientisation par rapport au féminisme et à chaque fois que j’étends le linge, je m’attends toujours à ce que quelqu’un vienne me féliciter ! C’est pour ca que je trouve ca important de ramener le débat à des questions quotidiennes, parce qu’en théorie je savais très bien m’en sortir !

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