Le 5 décembre 2024, le collectif Femmes de Santé et Hkind lancent à Paris la deuxième édition de leur formation dédiée à la santé des femmes, à destination des soignants et des professionnels RH. Cette initiative prolonge les actions du collectif, notamment leur appel au gouvernement en 2022 pour une Stratégie Nationale Santé des Femmes qu’il souhaite voir déployer.
Le collectif appelle à des actions concrètes pour pallier les inégalités et combler les lacunes du système de santé actuel. Et les enjeux sont innombrables. Le poids de la charge mentale, les différences de manifestations des maladies mixtes selon le genre, et la méconnaissance des femmes concernant les maladies cardiovasculaires citent pêle mêle Margaux Darras. « Deux femmes sur trois sont concernées par la charge mentale contre un homme sur trois », indique la responsable des missions chez Hkind & Femmes de Santé ajoutant que « les femmes ne savent pas toujours que les maladies cardiovasculaires sont leur première cause de mortalité ».
Le collectif rappelle par ailleurs que des avancées signifiatives doivent s’étendre à d’autres pathologies féminines encore négligées. « Si nous saluons la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose et l’inscription de l’IVG dans la constitution, il reste encore plein de pathologies et symptômes féminins qui ne sont pas pris en charge », souligne Margaux Darras. L’association appelle également à une meilleure sensibilisation du public et des professionnels de santé aux spécificités féminines, notamment en intégrant une formation obligatoire pour les professionnels sur la santé des femmes.
Des recommandations pragmatiques et concrètes
Femmes de Santé propose dix axes d’amélioration, incluant en particulier l’innovation dans la santé féminine, l’accès aux soins, et l’intégration de tous les acteurs du système, publics comme privés. « On a proposé que les employeurs permettent aux femmes de soin d’elles, par exemple en leur offrant une journée dédiée où elles peuvent prendre tous leurs rendez-vous médicaux », explique Margaux Darras. Cette initiative pourrait également inclure des dépistages réguliers sur le lieu de travail, rendant la prévention plus accessible et allégeant ainsi la charge mentale des employés.
La réception de ces recommandations a été encourageante, avec une intégration dans le plan interministériel pour l’égalité 2023-2027, notamment grâce au soutien d’Isabelle Rome, l’ancienne ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Une reconnaissance du travail accompli par les Femmes de Santé » selon Margaux Darras. Cependant, le collectif reste déterminé à poursuivre ses efforts pour s’assurer que les mesures soient mises en œuvre concrètement.
En janvier dernier, un baromètre intitulé Perception des femmes sur leur santé a été lancé, révélant que les femmes mettent souvent leur santé au second plan, prioritant leurs proches et leur travail. Pour y remédier, le collectif appelle à « combattre les difficultés d’accès aux soins » en facilitant l’accès au dépistage et à la prévention sur tout le territoire.
Afin de sensibiliser le grand public, le collectif prévoit de publier une seconde édition de ce baromètre et de mener une campagne sur les réseaux sociaux pour démystifier les spécificités féminines. « Les résultats montrent qu’il est urgent de briser les tabous liés à la santé des femmes. Si on n’en parle pas, les choses ne bougeront pas » alerte Margaux Darras.
Une Mobilisation Collective Indispensable
Pour ancrer durablement les changements, Femmes de Santé continue de plaider pour une prise de conscience collective. « On ne peut pas tout porter seuls » insiste Margaux Darras, soulignant la nécessité de partenariats avec le public, les gouvernements, et les entreprises. Un hackathon sur la santé des femmes, recommandé en 2022 par le collectif, a d’ailleurs été lancé, permettant de financer des projets innovants portés par des acteurs du secteur.
Avec plus de 2700 membres, le collectif rassemble une diversité de professionnels de la santé, allant des hôpitaux aux startups, en passant par les laboratoires et les consultants en droit de la santé. Cette collaboration multidisciplinaire constitue la force du collectif. En poursuivant sa mission, le collectif espère voir ses recommandations appliquées pour une prise en charge juste et efficace de la santé féminine. « Tout est prêt , il n’y a plus qu’à le faire » ponctue Margaux Darras.