À 44 ans, Annabel Brourhant apprend qu’elle a un cancer du sein. Loin de se laisser abattre, elle transforme cette épreuve en force et fonde Hope , une association qui allie équithérapie et art pour aider les femmes à retrouver confiance en elles. Rencontre avec une femme pour qui l’espoir est un moteur et de la sororité, une arme.
« En 2014, je passe d’un simple contrôle de routine à l’annonce d’un cancer, et là, le monde s’écroule », confie Annabel Brourhant, alors âgée de 44 ans. Face à cette épreuve, plutôt que de se laisser submerger par la peur, elle puise sa force dans sa passion : les chevaux. Déterminée, elle accepte l’opération, mais à ses conditions. « Je voulais absolument être capable de remonter à cheval trois semaines plus tard et de conduire un camion pour traverser la France, car mon fils participait aux championnats de France d’équitation. »
Le cheval, allié de la guérison
Ce retour en selle signe le début d’une nouvelle aventure. C’est à ce moment-là que l’idée de
Hope prend racine. Annabel en parle à son oncologue, Nicolas Chopin, et concrétise ce projet ambitieux. « J’ai rassemblé 12 femmes de mon village, toutes touchées par le cancer, et je leur ai proposé de tester cette approche combinant l’art et l’équithérapie. Quand on a vu que cela fonctionnait, l’association à pris vie », se souvient-elle. Aujourd’hui, Hope compte sept antennes en France et une en Suisse, et organise des séjours thérapeutiques depuis deux ans.
« Le cheval, c’est un animal de 400 ou 500 kilos. Sa force et sa douceur représentent un peu le cocon familial », explique Annabel. Pour les participants, apprendre à diriger un cheval avec leur souffle et leur voix devient un geste de reconquête. « Lorsqu’elles se rendent compte qu’elles peuvent le faire, elles regagnent une confiance souvent érodée par la maladie », ajoute-t-elle. L’équithérapie devient ainsi un pilier de la guérison émotionnelle et de la reconstruction personnelle.
Un gala et une comédie musicale au cœur de Hope
Annabel se tourne aussi vers l’écriture de chansons pour exprimer ses émotions et partager son vécu. « J’ai écrit des chansons pour raconter comment je continue de vivre malgré la maladie. » Forte de cette initiative, elle crée des ateliers d’écriture au sein de Hope. Sa rencontre avec Guila Braoudé, lors d’une représentation de Thierry Lhermitte, ambassadeur de l’association, marque un tournant décisif et ouvre la voie à un projet artistique ambitieux.
Pour soutenir ses actions, Hope organise un gala annuel essentiel pour lever des fonds et sensibiliser le public. Mais l’initiative la plus audacieuse reste la comédie musicale Elles étaient une fois les optimistes. « J’ai rencontré Guila Braoudé, qui a elle-même traversé deux cancers, et elle m’a dit : ‘Banco, je ferai la mise en scène’. » Ce spectacle mêle humour et résilience, rappelant qu’il est possible de danser, chanter et rire même après un cancer. « Nous sommes toutes malades sur scène, mais nous prouvons qu’il ya une vie après la maladie. »
Hope est un espace de soutien et de sororité
Les séjours organisés par Hope vont bien au-delà des retraites thérapeutiques classiques. Ils offrent un espace de soutien et de sororité. « En cinq jours, les femmes créent une cohésion incroyable. Elles parlent de leurs cicatrices, de leurs parcours. Il n’y a plus de niveaux sociaux, tout est effacé », confie Annabel. Rythmés par des ateliers de chant et de danse au milieu des chevaux, ces moments permettent aux participants de sortir de leur zone de confort et de se redécouvrir. « C’est comme si elles avaient fait dix ans de thérapie en quelques jours », ajoute-t-elle avec émotion.
La magie de ces rencontres perdure bien après les séjours. « Nous avons souvent des groupes WhatsApp qui continuent à partager des messages, leur quotidien et à se soutenir. »
Un engagement qui dépasse Octobre Rose
Annabel insiste : le cancer ne doit pas être évoqué uniquement en octobre. « Nous accueillons des femmes atteintes de toutes formes de cancers, à n’importe quel stade de la maladie. Il faut parler du dépistage et de l’accompagnement tout au long de l’année. » Elle invite le public à s’engager : « Invitez-nous à jouer dans vos salles. Chaque représentation crée des échanges, rappelle que la vie continue et que l’espoir est essentiel. »