Contrairement à l’image sociétale qui ferait des quinqua des femmes épanouies acceptant le virage de cette nouvelle décennie sans sourciller, un article publié sur le site du quotidien suisse « Le temps » le 27 mars a déclenché les foudres des internautes. En cause le témoignage d’Elodie, 55 ans, énumérant la longue litanie de sa nouvelle invisibilité.
C’est la déprime assurée. Elodie est parfaite « fine de la tête au pied « mais rien ne va plus. Sa hanche lâche au cours d’une séance de yoga. Un crac arthritique fissure le mental de cette récente célibataire. Le « middle age « serait les 70 ans d’aujourd’hui ! Un constat amer étayé par tous les maux envahissants de cet âge similaire à la période déstabilisante de l’adolescence. Plus d’hormones en folie, mais « un vagin fossilisé « par les effets de la ménopause. Un bouleversement dont la société accentuerait les contours. Seul diktat : garde l’apparence de la jeunesse à n’importe quel prix ! Même si la quinqua trouve une issue apaisée grâce à un détachement qui frise la vie monacale « je peux aussi envisager presque sereinement le fait de ne plus jamais refaire l’amour jusqu’à la fin de ma vie.» Elodie serait-elle une quincados (quinqua adolescente) pathétique comme titre un autre article cité, en proie uniquement à une volonté de séduction ?
Les commentaires sur le compte Facebook du journal s’emballent. La femme de 50 ans serait une femme objet qui ne « vivrait que pour le regard des hommes » ! Un stéréotype dénoncé par les internautes. « La semaine prochaine, vous nous faites le même article pour la gent masculine? Ah non, pardonnez-moi, j’avais oublié que l’épanouissement et la beauté liés à l’âge n’étaient réservés qu’aux femmes » ironise une internaute. Une autre s’interroge sur le bien fondé d’un article écrit à l’aune d’un témoignage unique. Le Temps serait-il victime de son approche culturelle ?
Je m’interroge sur l’approche européenne nordique sur cette question. Dans les pays méditerranéens par exemple les femmes sont belles, séduisantes et sensuelles à toutes les tranches d’âge, elles sont loin d’être « invisibles » au contraire. Et les hommes continuent à les regarder avec délectation(…)
Une lectrice propose tout simplement de re titrer l’article « Le nouvel âge ingrat pour celles qui veulent séduire comme des gamines » !
Pour apaiser la bronca, Le Temps a répliqué avec la promesse que les hommes ne seront pas oubliés dans les articles à venir et renvoie à des parutions aux titres apaisants « Pourquoi l’avenir de l’homme, c’est la femme » sans point d’interrogation cette fois. Le quotidien réplique avec un article reprenant les principales critiques émises sur la page Facebook, preuve que le sujet a fait mouche. « Quoi qu’il en soit, le débat semble avoir touché la corde sensible. Il y a celles qui s’estiment injustement stigmatisées, celles qui refusent la quête d’une jeunesse éternelle ou encore celles qui s’affranchissent de l’impératif de séduction ». Les 133 partages de l’article donnent raison au journaliste. La question de l’invisibilité évoquée récemment par les comédiennes de l’AAFA qui ont tenu un colloque sur ce sujet est là encore centrale. Le psychiatre et psycho thérapeute Christophe Fauré cité dans l’article rééquilibre le propos.
La femme, soumise à la ménopause, y est confrontée sans délai, alors que l’homme, intact physiquement, peut se bercer d’illusions à 50 ans. Mais tôt ou tard, il devra lui aussi affronter ce moment de restructuration relativement violent, puisqu’il consiste à abandonner son ancien moi pour une nouvelle fondation.
Article à lire dans son intégralité ici