LA PLEINE CONSCIENCE : UNE BOITE A OUTILS POUR SE RECONNECTER A SOI MEME

la pleine conscience
la pleine conscience

Face aux rythmes de travail stressants, à la compression des temps de vie personnel et professionnel et à l’hyper connectivité, des entreprises s’ouvrent à des pratiques millénaires issues du bouddhisme. Ayant compris que la bonne santé des salariés est le gage d’une meilleure productivité, des géants économiques comme Google ont inscrit la pratique de la  » mindfullness » -pleine conscience- dans le programme de leurs salariés. Des initiations fondées sur des exercices de méditation, de respiration et d’attention à soi-même sans gourou, à pratiquer dès que la submersion des émotions est proche. La pleine conscience au travail fondée sur une attention au moment présent est un état recherché au travers de nombreux exercices pratiques. Une autodiscipline régulatrice que Sylvie Labouesse-Lara Rosales, responsable de systèmes d’information au sein de grandes entreprises et Nathalie Van Laethem, chargée de formation marketing pratiquent depuis longtemps. Elles en décryptent l’utilité et la méthode dans « la boîte à outils de la pleine conscience au travail ». Elles répertorient 63 outils pour acquérir les bonnes attitudes et «  se reconnecter à soi-même ». Interview croisée.

En quoi consiste la pleine conscience  ?

SL : Etre en pleine conscience c’est porté une attention au moment présent : à soi, à ce que nous faisons et à la situation telle qu’elle est. En pleine conscience nous allégeons nos tensions et gagnons en tranquillité, nous ouvrons notre champ de perception et gagnons en compréhension de nous et des autres.

Pratiquement ça se traduit comment ?

SL : je pratique l’attention au présent activement dans mon quotidien sans que je l’ajoute à la liste des choses à faire, c’est quelque chose que j’ai en moi. C’est un état d’esprit. Je me suis aperçue dans le monde professionnel dans lequel je vis  que beaucoup de gens ont une incompétence totale à gérer leur propre stress ou à canaliser leur comportement de façon détendue.

 

Actuellement nous savons que la pratique basée sur la pleine conscience améliore l’irrigation cérébrale en augmentant la connectivité entre les différentes structures cérébrales ainsi que la densité neuronale.

Dr Quitana Hernandez neuropsychologue clinique.

 

Comment est née l’idée d’en faire un livre ?

NVL : Sylvie et moi nous connaissons depuis 1981. A cette époque j’ai rencontré José Lara Rosales (mari de Sylvie) qui pratiquait cette attention à soi, en faisant un mix de pratiques occidentales et orientales. Moi qui étais à la recherche de l’harmonie dans ma vie, cela m’a apporté beaucoup plus, une véritable connaissance de moi-même. Sylvie était dans la même pratique. Nous avons décidé au soir du 1er janvier 2015 d’écrire ce livre à 4 mains. Ce livre est aussi l’histoire de notre amitié.

Le livre donne des clés très pratiques, alors que le titre peut laisser supposer une démarche théorique ?

SL : L’objectif est une pratique qui peut progressivement être intégrée par chacun et qui peut être appliquée n’importe où et n’importe quand ; on parle de Pratique Attentionnelle Active, « Pratique »  car c’est vraiment une expérimentation dans le corps et non une idée, « Attentionnelle » car il s’agit de porter attention à nos perceptions et à nos sensations internes, « Active » car il s’agit de le faire, à chaque instant, tout en réalisant nos activités quotidiennes, du brossage de dents, en passant par s’occuper de nos enfants, conduire sa voiture, animer une réunion, écrire des mails, structurer un document, sculpter un objet, faire du sport, discuter avec une personne, etc

Que trouve-t-on dans votre boîte à outils ?

SL : Nous avons volontairement organisé notre livre dans la logique de la structure des centres de réponse du psychisme de l’être humain(structure connue depuis Bouddha 6ème siècle avant JC). Il y a le centre végétatif qui est le corps, le centre moteur pour les mouvements, le centre émotif siège de toutes nos émotions et le centre intellectuel lié aux idées. On a réparti ces outils en neuf dossiers : en pleine conscience de son corps et de ses sensations, de ses mouvements, de ses activités, de ses émotions, de ses idées, de sa relation avec les autres qui est plus liée à la part émotionnelle, plus des outils issus de notre expérience personnelle en pratiquant, comme en pleine conscience même en situation de stress, ou encore, en pleine conscience de son équilibre perso/pro.

Un exemple très simple ?

NVL : Prêter attention à ses perceptions. Quand je me réveille et avant de me lever, je m’étire, je prête attention à ma respiration sans penser à quoi que ce soit. Au travail, en réunion, je suis attentive à ma respiration pendant quelques secondes sans perdre le fil de ce qui se dit. On se dit stop. On respire. On revient à soi. C’est juste l’éclat d’une seconde. On arrête le système de pensées qui est peut être là tout de suite pour vous d’envisager la prochaine question !

La société nous impose des comportements en fonction de chaque type de situation, bureau, vie privée, est ce que ce sont des modèles à casser aussi ?

SL : Le dénominateur commun de tous ces contextes c’est nous mêmes. Pourquoi je vais enfiler un espèce de déguisement au boulot et un autre à la maison, et un autre avec la famille et encore un autre dans mon club de sport alors que je suis la même personne ?

Mais les rapports au travail sont durs et ce rôle permet justement de ne pas montrer ses faiblesses qui sont perçues négativement par l’employeur ou les collègues ?

NLV : Certaines entreprises donnent accès à des formations de développement personnel en projetant sur la personne tous les dysfonctionnements, les process ou le stress que génèrent un fonctionnement d’entreprise. Dans cette pression supplémentaire le fait d’être ramené à soi nous permet de mettre une légère distance qui apporte de la détente.

Aujourd’hui i il y a un mot à la mode la « bienveillance ». Est ce que c’est un outil que vous prenez en compte ?

SL : Tout le monde a une bienveillance. Si on oppose la violence psychologique à la bienveillance aucun des deux comportements ne devrait exister. Celui qui devrait exister c’est d’être adapté à la situation et de ne pas être dans le débordement ni dans la complicité. Car jouer la bienveillance implique la complicité avec l’autre. Comment je fais quand je suis complice émotionnellement avec quelqu’un pour pouvoir continuer à travailler ensemble ? Si je suis complice je suis dépendant dans la relation avec l’autre ce qui ne veut pas dire que je l’aime pas.

Cette notion affective se traduit souvent par un besoin de reconnaissance ?

NVL : Il faudrait arriver à vivre sans ce besoin avec une certaine sécurité intérieure qui ne nécessite pas de toujours faire les choses en fonction de la façon dont on va me reconnaître. En plus le jour où me reconnaît ce n’est jamais sous la forme attendue. Finalement on est malheureux et jamais satisfait.

Où ont lieu les ateliers que vous organisez ?

SL : C’est au sein de la société atlans, fondée par José Lara Rosales que nous avons appris et intégré toute cette approche de pleine conscience de soi en commençant par la Pratique Attentionnelle Active. C’est donc dans ce cadre que nous organisons des ateliers et des formations en BtoB dans les entreprises. Mais aussi avec des particuliers qui suivent ces formations le soir en semaine, ou bien à fréquence mensuelle le samedi après-midi ou le dimanche après-midi.

Est ce qu’il n’y a pas le risque de se censurer dans le contexte de l’entreprise ?

NVL : Les personnes qui veulent s’ouvrir s’ouvrent celles qui ne le veulent pas ne s’ouvrent pas. S’ouvrir c’est arriver à parler de soi de façon détendue mais ce n’est pas une obligation.

Est ce que l’école serait le lieu idéal pour commencer cet apprentissage de la pleine conscience ?

NVL : oui ce serait bien. Ne serait ce que de leur faire comprendre que les enfants ne sont pas si différents des autres entre eux. Ca pourrait commencer par la relaxation qui est de plus en plus pratiquée dans les petites classes. Les enfants peuvent être connectés à eux-mêmes en étant connectés aux autres. L’idéal serait de ré enseigner aux enfants cette pratique d’être « chez soi » tout en étant à ce qu’ils sont en train de faire. Ils n’intellectualisent pas parce qu’ils n’ont pas l’information théorique et qu’ils ne la cherchent pas. L’âge idéal serait dès la maternelle.

La boîte à outils de la pleine conscience au travail
La boîte à outils de la pleine conscience au travail

Comments · 4

  1. Bravo pour cette belle interview.
    J’ai 2 observations mineures :
    – Une correction grammaticale à faire dans : « En quoi consiste la pleine conscience ? SL : Etre en pleine conscience c’est porté (portER) une attention au moment présent : à soi, à ce que nous faisons et à la situation telle qu’elle est. « .
    – une fin de paragraphe incompréhensible, dûe à mon sens à une transcription incomplète :  » Comment je fais quand je suis complice émotionnellement avec quelqu’un pour pouvoir continuer à travailler ensemble ? Si je suis complice je suis dépendant dans la relation avec l’autre ce qui ne veut pas dire que je l’aime pas. »
    Si je suis complice, alors je suis dépendant dans la relation avec l’autre. Ne pas être complice, donc pas dépendant, ne veut pas dire que je l’aime pas.
    Bien amicalement.

  2. Je le pratique d eplus en plus et c’était loin d’être ma nature. J’en retire énormément de bien-être et de sérénité, ce n’est pas encore une évidence mais j’y travaille. Bonne idée ce livre. Je m’abonne je vois qu’il y a plein d’articles pour les quinquas !

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