LES EXPERTES GENRE : UNE PLATEFORME POUR VALORISER L’EXPERTISE SUR LES INÉGALITÉS FEMMES HOMMES

Les Expertes Genre
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La semaine dernière, la plateforme française Les Expertes a lancé un nouveau projet : Les Expertes Genre, le premier annuaire international et gratuit des expertes sur les questions de genre et d’égalité femmes-hommes. L’enjeu est de valoriser l’interprétation de certains faits à travers ce prisme.

La parité femmes-hommes dans les médias, on n’y est toujours pas. Pour y parvenir, plusieurs initiatives ont vu le jour ces dernières années, dont le projet Les Expertes. Guide papier envoyé une fois par an à des rédactions à ses débuts en 2012, il est devenu une plateforme numérique au moment de sa reprise en main en 2015 par le groupe Egaé, co dirigé par Caroline De Haas et Pauline Chabbert. L’objectif ? Donner de la visibilité aux femmes expertes pour qu’elles soient davantage invitées sur les plateaux de télé, à la radio, dans les colonnes de la presse papier ou dans des événements. Enrichir les carnets d’adresse pour éviter de donner toujours la parole aux mêmes. 

1200 expertes

Mardi 27 avril, l’offre des Expertes s’est enrichie avec le lancement d’un nouveau portail : Les Expertes Genre. Il s’agit du premier annuaire international et gratuit recensant des expertes internationales sur les questions de genre et d’égalité femmes-hommes. Plus de 1 200 expertes y sont déjà recensées : des chercheuses, des responsables associatives, des professionnelles. Une version anglaise sera mise en ligne mi-mai. Comme pour Les Expertes, l’inscription est gratuite pour avoir accès aux coordonnées. Le projet est développé dans le cadre du Forum Génération Égalité, organisé par l’ONU Femmes, et est financé par l’association Focus 2030, qui vise à réduire les inégalités dans le monde.

« Faire émerger des problématiques »

« Depuis quelques années, on parle de plus en plus dans l’actualité des inégalités entre les femmes et les hommes, des violences sexistes et sexuelles, etc., mais ces sujets ne sont pas toujours abordés sous l’angle du genre », explique Julia Heres Garcia, responsable de mission du projet Expertes Genre. « Or, le fait de traiter des sujets sous cet angle permet de faire émerger certaines problématiques », ajoute-t-elle. Elle donne pour exemple l’analyse des confinements sous le prisme du genre qui a permis d’évoquer des sujets autour de la charge mentale, de l’inégale répartition du travail domestique ou de la hausse des violences conjugales. Mais il pourra aussi s’agir d’apporter une autre lecture à des sujets sociaux ou environnementaux. 

Apporter une dimension internationale aux questions de genre

« Les questions de genre et d’égalité femmes-hommes ne s’expriment pas de la même façon dans tous les pays. Recenser des expertes anglophones ou qui savent s’exprimer en anglais issues de tous les continents va permettre aux journalistes et aux organisateur·rices d’événements d’aller chercher d’autres points de vue, de sortir d’une lecture française pour prendre en considération la dimension internationale de ces sujets », complète Lauriane Delanoë, cheffe du projet Les Expertes. 

Valoriser l’expertise autour du genre

Les Expertes Genre entend aussi contrer la dévalorisation récurrente de l’expertise autour de ces questions. « Le fait que le genre compte […] parmi les expertises majoritairement détenues par des femmes explique sa marginalisation. Or, nous affirmons que la scientificité ne saurait être l’apanage des seuls hommes. La non-reconnaissance du genre comme expertise n’est qu’un autre symptôme du monde patriarcal que le genre entend justement déconstruire », ont écrit 330 expertes référencées sur la plateforme dans une tribune publiée la semaine dernière dans le HuffPost. Jeudi 6 mai, Les Expertes organisent également un webinaire sur « l’enjeu de la visibilisation et de la médiatisation du genre comme expertise à part entière ». 

Contrer l’autocensure des femmes expertes

Tout l’enjeu du projet Les Expertes, c’est aussi de permettre aux femmes expertes de prendre confiance en elles pour intervenir dans les médias et de mieux cerner cet univers, à travers des sessions de formation. Une session gratuite est d’ailleurs prévue le 27 mai. Car il y a beaucoup d’autocensure parmi les interlocutrices potentielles, qui estiment parfois ne pas être assez légitimes pour répondre à telle ou telle question alors qu’elles maîtrisent pourtant le sujet de part leur recherche ou leur activité professionnelle. « J’en ai marre d’entendre des hommes à la radio qui ne sont pas spécialistes du sujet », rapportent certaines d’entre elles auprès des Expertes. C’est tout l’enjeu de la plateforme, qui souhaite que ce genre de phrase devienne de plus en plus rare.

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