En cette Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, le gouvernement annonce de nouvelles mesures. Des avancées, mais la prudence reste de mise.
Le Premier ministre Michel Barnier a dévoilé une série de mesures ambitieuses. Des millions d’euros en plus, des plaintes déposées à l’hôpital, des hébergements sécurisés… Les annonces claquent comme un engagement à en finir avec les violences sexistes. Mais, comme toujours, reste à savoir si les actes suivront les mots.
L’aide universelle d’urgence, ce dispositif qui permet aux femmes de se mettre rapidement à l’abri en situation de danger, passe de 13 à 20 millions d’euros. Oui, c’est une avancée. Mais au regard des 26 000 femmes qui en bénéficient déjà, on se demande si cette enveloppe suffira à répondre aux besoins croissants. À titre de comparaison, le budget de l’aide pour les entreprises énergivores en 2023 s’élève à… 5 milliards. Autant dire qu’on n’a pas encore inversé les priorités. Il y a eu un avant et un après MeToo, il y aura un avant et un après Mazan« . » a commenté la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Salima Saa.
Plaintes à l’hôpital : un pas dans la bonne direction
La possibilité de déposer une plainte directement à l’hôpital s’inscrit dans une démarche prometteuse. Les victimes auront bientôt la possibilité de parler à des policiers formés (on l’espère) dans un environnement moins intimidant qu’un commissariat. Une généralisation prévue d’ici fin 2025. Mais une question se pose : avec quels moyens humains ? Les hôpitaux, déjà sous tension, auront-ils les ressources nécessaires pour accueillir ces plaintes dans de bonnes conditions ? « c’est concret mais encore faut il que les personnes soient formées » objecte une représentante de l’association Osez le féminisme 42.
Du côté des forces de l’ordre, le gouvernement s’engage à renforcer la formation des agents tout au long de leur carrière, avec pour ambition d’offrir un accueil plus respectueux et une prise en charge mieux adaptée aux victimes. Cependant, force est de constater que des progrès restent nécessaires. Les témoignages de femmes confrontées à des remarques déplacées, ne sont malheureusement pas rares. La véritable question est de savoir si ces formations, malgré leurs bonnes intentions, parviendront à produire des résultats concrets.
Hébergements : une avancée, mais des défis à relever
Le gouvernement a annoncé la sanctuarisation de davantage de lieux d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences. Ces structures sont cruciales, car pour une femme qui fuit un conjoint violent, trouver un refuge sécurisé peut littéralement sauver sa vie. Actuellement, selon les chiffres officiels, environ 5 000 places d’hébergement d’urgence sont réservées aux victimes de violences conjugales, mais les associations estiment que ce chiffre reste bien en deçà des besoins réels.
En 2021, la Fondations des Femmes avait pointé un manque criant de solutions, rappelant que 40 % des demandes d’hébergement des femmes en danger ne trouvaient pas de réponse. Si cette mesure est bienvenue, la question des moyens reste en suspens : combien de nouveaux lieux seront effectivement créés ? Quelles seront les ressources allouées pour les pérenniser ? Enfin, il faudra garantir une répartition homogène sur le territoire, car aujourd’hui, l’accès à ces lieux reste très inégal selon les régions.
Michel Barnier l’a affirmé avec force dans son discours : son gouvernement n’acceptera « aucune violence faite aux femmes ». Une déclaration claire et sans ambiguïté. Mais derrière cette promesse se cache une attente cruciale : des résultats concrets. Trop souvent, les politiques publiques sur ces enjeux souffrent d’un manque de suivi, d’évaluation et surtout de moyens à la hauteur des besoins.
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