Fondée par Céline Bardet l’ONG « We are not Weapon Of War » -Nous ne sommes pas des armes de guerre – a bénéficié du hackathon qui s’est déroulé lors de la 3ème édition de Vivatech. Le salon des dernières technologies organisé à Paris du 24 au 26 mai a accueilli des équipes de développeurs du monde entier. Parmi eux, la team d’INTECH basée au Luxembourg poursuit le perfectionnement de la première version de l’outil BackUp destiné à recueillir les données et les témoignages des victimes sur les zones de conflit. Au programme Intelligence Artificielle et justice internationale. On a refait le point avec la présidente de WWOW.
Mentor et « techlead » Nicolas Sanitas, Pierre Paci et Mathieu Canze suivent le projet ambitieux de Céline Bardet depuis le début. Depuis septembre 2017 ils travaillent sur la première version de l’outil Back Up. « Le projet est hébergé au Luxembourg sur une plateforme sécurisée. Et l’on ambitionne de mettre en place un robot juriste qui serait capable de faire tout un premier travail d’enrichissement, de tri et de vérification des données recueillies ». L’enjeu est d’intégrer l’Intelligence Artificielle pour accompagner le travail des juristes notamment en absorbant des flux importants de signalements. Celine Bardet se réjouit que son organisation ait été choisie pour bénéficier du hackathon. « L’Intelligence Artificielle nous aider à être plus performant pour analyser les alertes, les documents et les éléments de preuve reçus sur la plateforme BackUp ».
Aujourd’hui quand on parle d’innovation dans nos métiers on a très rarement la capacité de les appliquer dans le monde réel. Ce qu’on voulait c’est de mettre ces innovations au profit de gens qui en ont réellement besoin. Nicolas Sanitas
Et c’est parti pour 24h de #hackathon avec @TCFR @microsoftfrance et @BeMyAppFR ! Ça va causer #IA : comment la mettre au profit du projet #BackUp de @NotAWeaponOfWar #TechForGood pic.twitter.com/zEkAVyHwpW
— Nicolas Sanitas (@nsanitas) May 25, 2018
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Des prix sans soutien financier
La juriste internationale poursuit son travail d’investigation sur les zones de conflit. « J’étais dans les zones tribales du Pakistan a Peshawar à la frontière afghane pour voir comment on peut faciliter l’accès à la justice. En particulier pour les femmes qui sont dans des zones très reculées et peu accessibles ». A Paris les 5 bénévoles de WWOW abattent un travail de titan. Mais malgré la reconnaissance des institutions et l’obtention de trophées prestigieux (« Trophée de la transformation Numérique » catégorie « Ethique » remis par le magazine Solutions – décerné également à ShareIT.io – Prix de la femme digitale JFD) les investisseurs manquent à l’appel. Alors même que l’outil est déjà opérationnel dans sa première version. « Nous sommes prêts à démarrer les phases de tests sur le terrain dès le mois de septembre prochain ».
Le problème qui est assez assimilable aux violences sexuelles. C’est un sujet dont s’empare certaines institutions. Mais derrière il n’y a aucun fond ni aucun soutien d’actions. Quand on voit aujourd’hui que des associations féministes n’ont plus de subventions alors que c’est une priorité du gouvernement !
WWOW est prête à déployer l’outil sur le terrain
300 000 euros sont nécessaires pour lancer l’outil en RCA (République Centrafricaine) Birmanie et Libye. Les trois pays pilotes choisis. « Avec 500 000 euros nous pourrions étendre l’expérimentation en Syrie et en Irak. Et on donne l’accès aux services à plus de 3000 survivants de viol de guerre » ! Une estimation qui pourrait dépasser les 5000 alertes à la fin de l’année. Mais Il s’agit aussi de mailler un territoire en zone de conflit. Céline Bardet travaille avec des relais locaux. « Cela signifie qu’il faut aller sur place. Et former des personnes qui vont aller disséminer l’outil auprès de la population ». En back office WWOW doit étoffer l’équipe pour répondre au traitement des données. « Il y a un vrai travail d’analyse judiciaire à faire et on a besoin de compétences diverses ».
La lente évolution de la société
Céline Bardet se réjouit d’une meilleure visibilité de la question du viol comme arme de guerre notamment dans les médias. Toutefois elle estime que la société évolue très lentement. A l’instar de la directrice de WWOW Sarah Ripoche la fondatrice de l’ONG constate la précocité de son projet. « On est encore trop en avance par rapport à l’évolution de la société ». Elle déplore la lente prise de conscience. « Il y a toujours ce discours qui dit les violences sexuelles ça arrive. On ne peut rien y faire. Je pense que c’est toujours très ancré et qu’il va falloir du temps pour changer les mentalités ».