Une bande dessinée retrace le parcours de Suzanne Lenglen, première star française internationale du tennis féminin. Une icone non seulement pour son jeu révolutionnaire mais aussi pour la modernité qu’elle imprime dans un milieu très codifié.
Avec 241 titres, Suzanne Lenglen comptabilise plus de victoires que Serena Williams ou Maria Sharapova. Pourtant, sa vie a été peu documentée. Une lacune que vient combler le roman graphique de Tom Humberstone préfacé par Françoise Durr, autre légende du tennis, dernière femme à avoir remporté le tournoi de Roland Garros. « Il était inconcevable qu’une femme voyage partout dans le monde pour jouer au tennis. Elle a été la première. » écrit-elle.
Pionnière elle l’est aussi dans son jeu loin des lignes de fond de court. Elle mêle sa pratique de la danse classique à ses déplacements inédits pour l’époque. Son père lui offre sa première raquette de tennis à 10 ans et sera un entraineur exigeant et autoritaire qui pilotera toute sa carrière. Mais « la Divine » sort du cadre sportif en faisant aussi évoluer ses tenues. Adieu les jupes longues, elle opte pour une version racourcie plissée au dessus du genou signée Jean Patou. Libre de ses mouvements, elle chamboule les codes.
Suzanne Lenglen fait entrer le tennis féminin dans l’ère moderne
A l’image de Serena Williams, elle fait du tennis féminin un spectacle qui mobilise les spectateurs alors peu enclin à suivre le tennis féminin. Ses engagements se poursuivent au delà des courts. Elle contribuera à faire évoluer les droits des joueuses en participant à la création de la Wimbledon Tennis Association. Décédée d’une leucémie à 39 ans, Suzanne Lenglen laisse un héritage tennistique teintée de féminisme.
L’auteur Tom Humberstone s’intéresse au contexte de l’époque. « Si la vie de Suzanne reflète en grande partie l’ascension et la chute de l’ère du jazz, elle croise la montée du droit des femmes » souligne-t-il dans la présentation de l’ouvrage. Même s’il reconnait que l’histoire de la championne a été écrite par des hommes. La vainqueur de Wimbledon n’a pas écrit son autobiographie, son seul livre a été consacré à sa technique tennistique.