RÉUNIONS « NON MIXTES » : POURQUOI ÇA COINCE ?

reunions "non mixtes"
illustration ©Unsplash

Après son interview sur le plateau de BFM, la candidate aux élections régionales en Ile-de-France fait l’objet de nombreuses polémiques. En cause sa prise de position sur les réunions « non mixtes » de lutte contre le racisme où les blancs pourraient y participer mais invités à se taire. Ces rassemblements existent pourtant depuis longtemps pour une prise de parole sans jugement.

Dans une longue tribune publiée par Le Monde ce jour, Audrey Pulvar revient sur la polémique que ses propos ont déclenchés. En cause cette phrase : « Si vient à cet atelier une femme blanche ou un homme blanc, il n’est pas question de le ou la jeter dehors, en revanche on peut lui demander de se taire, d’être spectatrice ou spectateur silencieux ». Une provocation pour une partie de la classe politique. Valérie Pécresse a tweeté, « Dans ma région, aucun habitant ne doit être discriminé pour la couleur de sa peau. Il n’y a pas de racisme « acceptable »!

Se taire pour écouter

L’adjointe de la maire de Paris y réfute les arguments de racisme à son encontre. « J’ai utilisé le verbe « se taire », parce que c’est généralement ce que l’on fait, quand on veut réellement écouter l’autre, avant ensuite de prendre la parole… J’ai ajouté que c’est ce que moi-même je fais, quand il m’arrive d’assister à des réunions de groupes de victimes de discriminations ne m’atteignant pas au premier chef ». Elle affirme ne jamais avoir voulu réduire une partie de la population au silence.

Les luttes d’émancipation se mènent ensemble ; que le féminisme n’est pas qu’une affaire de femmes, mais bien une question de société, et que, pour que l’égalité progresse réellement, nous avons toutes et tous autant besoin de femmes que d’hommes féministes, car « plus les femmes sont libres, plus les hommes le sont ».

Audrey Pulvar dans « Le Monde »

Les réunions « non mixtes » existent depuis le 19ème siècle

L’hystérisation du débat public sur les propos d’Audrey Pulvar suggère que les réunions « non mixtes » viennent d’être inventées. Pour mémoire, aux Etats-Unis, la question des droits civiques est abordée au cours de meeting réservés aux noirs, victimes de discrimination raciale. Dans les années 70, sur le modèle de syndicats américains exclusivement féminins datant du XIXème siècle, les féministes organisent des assemblées excluant les hommes pour livrer leur témoignage sans entrave. A l’occasion des 50 ans du MLF, Suzy Rojtman,porte-parole du Collectif National pour les Droits des Femmes nous rappelait l’existence des commissions syndicales femmes à la CFDT qui abordaient tous les sujets l’égalité salariale, les cadences, l’avortement…

Des « safe space »

Ces espaces de liberté de parole en toute sécurité ou « safe space » permettent aux personnes victimes de discriminations de s’exprimer sans avoir à craindre le jugement d’autrui. Ce que d’autres appellent des « bulles de bienveillance ». « Au milieu des années 80, les employées LGBTQ de l’entreprise AT&T se trouvent à la croisée de différentes oppressions, dans un caractère intersectionnel donc. Elles s’inspirent des assemblées des droits civiques américains pour créer des lieux de conversation bienveillants, des safe spaces » rapporte le site canadien Le soleil numérique.

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