La journaliste Claude Sarraute est morte dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 95 ans. Avec une célébrité accélérée grâce à sa participation à des émissions de divertissement à la télé et à la radio dans la seconde partie de sa vie, elle avait auparavant cassé les codes du journalisme du journal « Le Monde » très statutaire quotidien d’informations.
Son franc parler était sa marque. Claude Sarraute avait été adoptée sur le tard par la bande de Laurent Ruquier dans les émissions « Rien à cirer », « On va s’gêner » et aux « grosses têtes » de Philippe Bouvard. Mais c’est au sein de la rédaction du prestigieux quotidien « Le Monde » que sa plume s’aiguise. Elle y passera 40 ans faisant ses armes à la rubrique « Spectacles », chroniquant également la télévision avant de connaitre un succès public avec son billet quotidien « Sur le vif » au ton conversationnel.
La fille de Nathalie Sarraute, éminente figure littéraire, cheffe de file du mouvement du Nouveau Roman ne s’interdit pas l’écriture. Autrice d’une quinzaine de livres, elle connait le succès avec son premier roman, Allô Lolotte, c’est Coco, (1987) le récit de deux quadra ex-soixante-huitardes en pleine crise de la quarantaine. Une liberté de ton dont la verve et l’apparente naïveté tranche avec son environnement culturel.
Une fine analyste de la vie publique
Après l’école alsacienne, Claude Sarraute décroche une licence d’anglais à la Sorbonne et partagera la vie de l’intellectuel Jean-François Revel pendant 40 ans. Son franc parler fait mouche car sous l’apparente posture d’une femme libérée des contraintes, appelant tout un chacun, selon les circonstances « bébé », « chéri » ou « ma puce », la journaliste était une fine analyste de la vie publique. Mitterand en fit les frais. « J’ai été très impertinente parce que j’ai dit qu’il ressemblait un peu à un empereur romain et qu’avec mes copains, on l’appelait Mittolini » rapporte Télérama. Une audace qui coutera son poste au directeur du « Monde », André Laurens.
A l’occasion de son 90 ème anniversaire Claude Sarraute avait publié Encore un instant (Flammarion), son dernier livre où elle traitait positivement le sujet du vieillissement, une thématique récurrente dans ses écrits. Comme le rappelle Le Figaro : « Moi, j’ai envie de proclamer : si vous avez la chance d’y arriver, à un âge très avancé, vous risquez d’être agréablement surpris. Moi, en vrai, j’adore. Je me marre terriblement d’être une grande vieillarde. Tous mes défauts se sont accentués : je dis tout ce qui me passe par la tête. »