7 étudiant.e.s ont réalisé dans le cadre de leurs études à l’Ecole du Louvre une cartographie parisienne des œuvres créées par des femmes. Un vaste programme qui vise à combattre l’invisibilité du « Matrimoine ».
Le terme surprend. Le Matrimoine est désigné comme « l’héritage des mères », le pendant féminin du patrimoine est une terminologie issue du Moyen-Age. Comme l’explique le site relayant l’initiative lancée en octobre 2018 « (…) dans les faits, on constate une différence de traitement et de reconnaissance due au genre du créateur ou de la créatrice. Cette inégalité nécessite une valorisation particulière de la partie oubliée du patrimoine ».
Une découverte d’artistes méconnues
Blanche Cardoner, l’une des sept étudiant.e.s parle d’une démarche féministe commune au groupe. « On était un peu frustré dans nos études d’histoire de l’art de voir peu de femmes, et c’était une bonne occasion de les valoriser ». Se répartissant les arrondissements de Paris, chacun part à la découverte d’œuvres et d’artistes. « J’ai par exemple découvert le musée de Clémence d’Ennery, collectionneuse d’art asiatique ». Chaque découverte est répertoriée sur un plan de Paris et offre une carte interactive.
Certains professeurs (de l’Ecole du Louvre) parlent des femmes et ont une démarche plus égalitaire de la culture. J’ai notamment suivi un cours sur l’histoire de la photographie avec Marie Robert, conservatrice du Musée d’Orsay. Elle nous a parlé pendant 3 ans de femmes photographes. Il y a un réveil des consciences petit à petit.
Blanche Cardoner
Une démarche pérenne
Listée en 5 catégories (architectures, œuvres picturales, sculptures, ateliers, lieux d’art et de culture) la création féminine se lit dans chaque arrondissement. Les étudiant.e.s ont choisi de marquer l’empreinte des femmes dans l’espace public excluant les œuvres exposées dans les musées. « Mettez des noms féminins dans votre ville » invite le site ! Aux 130 créations figurant sur la carte, le collectif mise sur la curiosité des parisien.ne.s pour enrichir la collecte. La démarche pérenne rejoint l’esprit des « journées du Matrimoine » organisées chaque année en contrepoint de celles du Patrimoine.
L’image des femmes dans les productions culturelles oscille la plupart du temps entre stéréotypes et invisibilité.
Rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, janvier 2018
A l’instar de l’initiative lancée par Rebecca Solnit pour féminiser les stations de métro de New-York, les capitales sont à redécouvrir sous un angle féminin. Blanche Cardoner avoue avoir été influencée par le travail des « Guerilla Girls », le collectif d’artistes américaines qui lance des « happening » pour lutter contre le sexisme dans le monde de l’art. « Quand j’ai découvert ces activistes cela a provoqué un déclic, je me suis rendue compte qu’il y avait un vrai problème dans le monde de la culture ». Les étudiant.e.s envisagent de poursuivre ce travail en imaginant des parcours dans la ville. A terme, ils souhaitent que l’initiative soit dupliquée dans d’autres régions.

Beau travail, merci les étudiantes