MADAME MEUF : LE RÉCIT D’UN UNIVERS « TRÈS TRÈS FEUTRÉ »

Madame Meuf - Hélène Vézier
© Quentin Crestinu

A l’état civil, Madame Meuf se prénomme Hélène Vézier et a eu une vie d’assistante parlementaire avant de transformer toute cette matière brute en one women show et podcast. Aujourd’hui elle raconte les coulisses et les racines de son féminisme dans un roman « Très très feutré ».

Pourtant tout avait bien commencé pour Hélène Vézier, issue d’une famille bourgeoise, elle suit un parcours assez classique qui passe par Sciences Po Toulouse, mène aux sphères politiques mais bifurque sur les planches. « J’ai bossé au Sénat et c’est une des premières phrases que l’on m’a dite : « vous verrez ici c’est très feutré » » rigole Madame Meuf. 15 ans d’une vie de petite main, témoin d’un « entre soi et d’un mépris de classe évident ».

Un monde sous les dorures de la République propice à déclencher une furieuse envie de féminisme. « Il faut des féministes en politique pour que les choses changent, c’est un des derniers bastions où les choses ne bougent pas ». Et dans ce cocon déconnecté et déshumanisé, les fonctions des collaboratrices d’élu.es relèvent d’une loterie où « on peut faire un travail de qualité ou du secrétariat même avec un Bac + 25, tout dépend sur qui on tombe (…) c’est un irrespect total du droit du travail ».

Mais le vrai sujet est ailleurs analyse l’humoriste, « Les élus sont les employeurs, on est dans un huis clos, avec un discours paternaliste. Ils veulent tous les mêmes profils corvéables à merci, de jeunes femmes sortant de Sciences Po. ». On fait partie de « l’entreprise de tel ou tel sénateur ou député ». Une niche qui pousse à la mise en culture de clones tous issus des mêmes écoles, générant les mêmes rapports de pouvoir.

320 pages où j’explique le terreau qui me permet d’expliquer comment je suis devenue féministe a mort

Sur scène, Madame Meuf commente l’actualité politique devant un public où s’invitent parfois des élus qui s’insurgent « Nous on est pas pareil, les élus locaux ». Pour autant, il n’est pas question de jeter le système mais de l’assainir. « Je connais bien l’Observatoire des violences sexistes en politique, Comme Fiona Texeire [NDLR : l’une des co-fondatrices] qui dit la même chose, on a le même projet. Les podcast les pages instagram, c’est de la parole publique, Il faut des femmes de tous statuts et de touts âges qui s’expriment ».

Pour en finir avec cet état de fait, Hélène Vézier suggère la création d’un véritable statut pour les élus. « il faut qu’ils aient une carrière avant et après leur mandat, qu’ils puissent suivre une formation. il faut créer des ponts professionnels, pour pouvoir faire des aller-retour entre la politique et le privé ». Une fluidité qui casse l’entre-soi et notamment celui des emplois familiaux. A ce titre l’affaire Fillion reste exemplaire. « Avant, il n’y avait pas de trombinoscope des collaborateurs, on ne pouvait pas voir s’ils étaient de la même famille. » souligne-t-elle.

Même si l’ex collaboratrice parlementaire a quitté les moquettes feutrées des lieux de pouvoir, elle fait toujours de la politique. « J’ai l’impression d’avoir fait de politique en étant humoriste, c’est mon chemin de libération de la parole ». Et si elle en avait assez de parler de son ancien métier, elle évoque toujours des sujets de société dans son prochain spectacle qui se jouera cet été à Avignon. « Madame Meuf dit femmes ».

Hélène Vézier – Très très feutré – Editions du Rocher, 15 mai 2024

Laisser un commentaire

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.