LES STÉRÉOTYPES DE GENRE S’INVITENT DANS LA PRISE EN CHARGE DES FEMMES SANS ABRI

La délégation aux droits des femmes du Sénat a auditionné le 4 avril des chercheuses qui alertent sur la prise en charge des femmes sans abri soit près de 40% des personnes sans domicile fixe. Un angle mort de la politique sociale.

Le rapport de la Fondatation Abbé Pierre publié il y a un an donne les chiffres de références. 38% des 330 000 personnes sans domicile fixe sont des femmes. Des données qui auraient du alerter les pouvoirs publics mais qui restent sous les radars. A défaut de politique adaptée, leur situation est mise sur la table par la déléguation aux droits des femmes du Sénat afin d’établir un rapport qui sera publié à l’automne prochain.

4 chercheuses sociologues, géographe et urbaniste, spécialistes de la question du sans abrisme ont été auditionnées pour mieux appréhender le sujet. Et elles en conviennent , les discriminations ne s’effacent pas dans les dispositifs d’accueil mis en place. «  Les dispositifs d’aide reproduisent des forme de domination. (…) par exemple il n’est souvent question pour les femmes que de leur famille et notamment de leurs enfants, de leur corps, de leur sexualité à travers leur grossesse la question de la précarité menstruelle de l’hygiène de leur santé gynécologique (…) si ces éléments sont effectivement importants à prendre en compte ils ne peuvent suffir à définir ces femmes (…) elles ne sont comme nous pas seulement des utérus et ne peuvent être seulement ramené à leur féminité » expose la sociologue Marie Loison-Leruste.

Repenser la santé globale des femmes sans abri

La chercheuse invite à repenser la formation des travailleurs et travailleuses sociales pour éviter la reproduction des discriminations notamment en matière de santé. « C’est la santé des femmes sans domicile dans sa globalité qui doit être repensée » et particulièrement « le vieillissement des femmes qui se retrouvent en situation de très grande précarité en fin de vie et totalement invisibilisé » insiste la spécialiste des questions de genre et d’exclusion dans sa présentation.

Émilie Moreau, directrice d’études à l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) constate également une dégradation de la situation des femmes. « 61 % (…) ont indiqué être sans logement depuis plus d’un an. Leur part n’a cété d’augmenter. Elles n’était que 45 % en 2018 ». Des statistiques qui reflètent la difficulté d’accéder à une solution d’hébergement via le numéro d’urgence. « Un tiers d’entre elles n’appellent jamais et un autre tiers indique avoir abandonné ces appels au 115 » mentionne l’urbaniste.

A cette barrière s’ajoute le prisme androcentré de ces centres. « Dans certains de ces accueils les personnes (…) n’ont aucune intimité quand ils partagent des douches et des espaces communs avec 50 autres personnes » précise Marie Loison-Leruste qui fustige, « C’est indigne ». Emilie Moreau souligne la faible mise en place de structures dédiées exclusivement aux femmes. « Une trentaine à l’échelle du Grand Paris ce qui représente 15 % de l’offre d’accueil de jour au total donc relativement peu au regard de la proportion des femmes sans abri rencontrées ».

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