Fin juillet 2019, Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes appelait les femmes à s’engager pour les municipales de 2020. Une bonne raison pour partir à la rencontre de celles qui y pensent, hésitent ou sont déjà plongées dans la vie politique. Témoignage.
Marie*, 56 ans, parisienne, est tentée par l’engagement aux municipales. Cadre dans un grand groupe international elle raconte ses motivations, ses hésitations et sa perception du monde politique.
J’ai fait une école d’ingénieur, puis un 3èmecycle à l’IAE d’Aix en Provence. j’ai démarré ma vie professionnelle dans la finance de marché puis dans la gestion d’actifs. Côté vie privée, J’ai eu 3 enfants, autant dire une vie bien remplie ! Mes enfants ont grandi et de fil en aiguille j’ai commencé à prendre des responsabilités. D’abord dans l’association des anciens de l’agro, puis dans le réseau féminin d’une grande banque et au sein de la Fédération des réseaux féminins du secteur finance assurance. Voilà comment mon engagement sociétal s’est construit petit à petit. La prise d’un congé sabbatique au cours de cette période a changé ma perception sur le monde professionnel dans lequel je travaillais.
Je pensais être des obstacles personnels, ne l’étaient pas. Je n’étais pas en cause dans mes performances. C’est juste une culture qui vous pousse sur le bord.
Je me suis découverte féministe au travers de ces associations. Je me rendais compte qu’un certain nombre d’obstacles que je pensais être des obstacles personnels, ne l’étaient pas. Je n’étais pas en cause dans mes performances. C’est juste une culture qui vous pousse sur le bord. Vous n’êtes pas éjectée du système, ce n’est pas violent, c’est très subtil ! Le même processus est d’ailleurs à l’œuvre pour beaucoup de femmes.
Je tourne autour en ne sachant pas très bien comment y aller
Au travers de ces engagements, je me suis retrouvée au contact des politiques. Notamment, au cours d’un diner au Ministère des Finances en 2016, juste avant le lancement du mouvement En Marche. Et cela m’a questionné. J’ai fait un bilan de compétences. et les conclusions ont été surprenantes. Elles disaient que j’étais la fois intéressée par l’action et par les valeurs, et que je pourrais faire de la politique. Ca ne m’avait même pas effleuré ! Il faut dire que j’avais été dégoutée de la politique au moment de l’élection de Lionel Jospin. A l’époque, il avait diminué les allocations de garde d’enfants à domicile. J’avais ressenti cette mesure comme une injustice avec 3 enfants qui allaient à la crèche ! Moi qui suis plutôt tendance social démocrate, j’avais trouvé que cette mesure était démagogique. Par ailleurs, dans mon entourage, des personnes sont rentrés au Parlement dans la foulée de l’élection présidentielle. J’avoue que je tourne autour de ce sujet en ne sachant pas très bien comment y aller.
La violence des débats me retient
Je me pose la question pour les municipales. Mais la violence des débats publics me retient. J’ai assisté à des réunions politiques d’une grande violence dans les mots, et je me sens très démunie. La dernière en date a été un pugilat pendant deux heures ! Des hurlements ! Et rien n’a avancé. Je me demande vraiment dans quelle mesure je vais pouvoir agir si je m’engage en politique. Au sein de ma mairie, les premières listes se constituent. Je me tournerais volontiers vers les écologistes mais quand je vois ce qu’ils ont fait à Paris en terme de déplacement, il y a un non sens pour moi. La REM émerge de la phase euphorique du début, et c’est peut-être ce qui explique que ce soit aussi difficile maintenant. Et je ne m’y reconnais pas. Paris n’est sans doute pas le bon endroit pour débuter un engagement politique.
L’étincelle ? Ce serait une rencontre
L’étincelle ? Ca serait une rencontre qui déclencherait mon engagement politique. J’ai des doutes sur mes compétences, mais aucun sur mes capacités à apprendre. J’ai beaucoup changé d’environnement sur le plan professionnel. C’est pour ça que l’histoire de la rencontre est importante pour moi. Car je pourrais m’appuyer sur des gens qui vont m’apprendre. Toutefois, la prédominance du pouvoir masculin n’aide pas à y aller. On est dans un cercle vicieux, moins les femmes y vont, plus les hommes seront dominants. Mais à ce niveau d’enjeu de pouvoir, je sais pas si ce sont les hommes ou les femmes qui sont les pires… Le lien entre le collectif et l’individuel est un sujet sur lequel je m’interroge depuis quelques années, travaillant dans un groupe international. Comment fait-on pour que chacun s’y retrouve au final ? Peut-être en renonçant à certaines choses, mais en ayant un socle commun à défendre.
Si comme Marie ce sujet vous intéresse et vous souhaitez témoigner contacter la rédaction : contact@jaipiscineavecsimone.com
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