AVEC « ÉLEVEURS » ANNE KONITZ-HOYEAU PLONGE AU CŒUR DES COURSES HIPPIQUES

Anne Konitz Hoyeau
Anne Konitz Hoyeau ©DR

Anne Konitz-Hoyeau, architecte, paysagiste et géographe dresse le portrait de 13 éleveurs, femmes et hommes de cheval passionnés par leur métier. « Eleveurs » plonge le grand public dans les coulisses sans fard d’un monde hippique trop souvent caricaturé.

Directrice de la communication du Conservatoire du Littoral, Anne Konitz-Hoyau connait bien le monde hippique. L’épouse du directeur d’Arqana, maison spécialisée dans la vente de chevaux de course arpente depuis longtemps les hippodromes et les ronds de présentation.  » C’était une manière de rentabiliser tout ce temps » souffle-t-elle avec malice. Autrice de plusieurs ouvrages collectifs chez Actes Sud, l’idée d’écrire sur les acteurs de l’univers hippique prend forme à la lecture de trois opus sur l’art contemporain publiés par la maison d’édition arlésienne. « A la manière du trio collectionneurs, artistes et galeristes, j’ai proposé que l’on décline de la même manière le monde des courses : éleveurs, propriétaires et entraineurs ».

Eleveurs : Penser un cheval

Le métier d’éleveur relève d’une alchimie prédictive. Ce qui intéresse Anne Konitz-Hoyeau est la façon dont ces professionnels « pensent un cheval ». « Comment ils imaginent l’étalon pour penser le poulain ou la pouliche qui doit devenir un champion. Et c’est ce mécanisme que j’avais envie qu’ils racontent ». Envisagé sous l’unique prisme des victoires sur les hippodromes l’élevage n’est pas un sujet littéraire. « L’indicible », le moment où les éleveurs sont face à une page blanche n’est jamais raconté.  » Il existe des catalogues et des résultats de course » résume la cavalière. C’est sans doute ce qui explique le succès du livre. Si les éleveurs se connaissent, peu sont au courant des parcours qui les ont mené là. « Je n’étais pas du métier, je me suis placée en observatrice ».

La présence reconnue des femmes

Reposant sur des interviews, 13 portraits dessinent le monde des éleveurs en France. 4 femmes et 9 hommes campent des parcours singuliers, sans monotypie. « J’ai choisi de démarrer par les éleveurs car c’est là où se crée le cheval ». Même si les femmes sont minoritaires, leur présence et leurs compétences sont reconnues par la profession. La suédoise Anna Sundström a construit un parcours atypique. Elle apprend sur le tas au sein d’une famille soudée. « Avec ses parents, Anna n’a pas hésité à tout quitter pour venir s’installer en France ». L’esprit de transmission est fort remarque Anne Konitz-Hoyeau puisque depuis la naissance de ses filles, celle qui faisait les top price (prix le plus élevé d’une session de vente aux enchères) des ventes en Suède est régulièrement accompagnée par Moa et Lilie. « Elles adorent aller aux ventes, se réveillent seules à 4h du matin en même temps que moi ».

Une formation empirique

Autre parcours pour Aliette Forien. Héritière d’une structure montée par son père, elle repart à zéro.  » Elle n’a jamais mis les pieds dans un autre haras. Elle s’est formée sur le tas. Passionnée de concours hippique, elle avait appris à s’occuper des chevaux au contact d’un vétérinaire qui lui a appris à décrypter le cheval ». Ce métier empirique ne possède aucune filière de formation dédiée. Nombreux adoptent un cursus qui se déroule à l’étranger. « C’est très traditionnel d’aller se former dans des haras en Angleterre, Irlande, aux Etats-Unis, en Australie, Nouvelle Zélande ou Afrique du sud. Les grandes nations du monde de l’élevage. Dans ce milieu très masculin pour ne pas dire macho, les femmes « font le poids ».

Deux de mes frères étaient engagés dans l’élevage et les courses. Ma mère pensait que cet univers n’était pas pour les jeunes filles et, mécontente de ma passion naissante me disait : Si ton père était là !

Chryss O’Reilly

Les éleveurs exercent un métier de passion (titre également de la collection d’Actes Sud), et cela prend toute la place dans leur vie, à l’exception d’Hervé Morin, Président de la région Normandie qui définit l’élevage comme « une démarche d’artiste, avec un côté créatif, intuitif, ‘tripal aussi ». Loin des paillettes que l’on associent aux courses hippiques, certains parcours relèvent d’une course d’obstacles faites aussi de désillusions.  » La perte de confiance, des chevaux qui se blessent » et tout est à recommencer. Les portraits d’Anne Konitz-Hoyeau éclairent un rythme immuable qui se répète année après année, cheval après cheval.

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