L’ÉCONOMISTE ANNIE JOLIVET S’INTÉRESSE AUX CONDITIONS DE TRAVAIL DANS NOTRE DERNIÈRE PARTIE DE VIE PRO

Anne Jolivet Economiste
capture UTube Colloque SNC 2019

En collaboration avec le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp) de Sciences Po, l’économiste Annie Jolivet publie un état des lieux des conditions de travail en dernière partie de vie professionnelle des 47-61 ans.

La spécialiste du travail souligne en introduction le grand flou qui entoure les notions de « dernière partie de vie professionnelle » et de seniors. Deux expressions qui ne possèdent aucune définition juridique et se retrouvent autour de notions de seuils d’âges de 45, 50 et 55 ans. Une nébuleuse sur laquelle s’appuie cependant les réformes de la retraite.

Annie Jolivet a répertorié cinq configurations de conditions de travail : « épargné.e.s », travail « physique et peu de soutien », « sous pression », « physique et décalé », « pénible et contraint » au travers desquelles elle a examiné les contraintes quotidiennes. Un enseignement qui donne des indications sur la manière dont les 47-61 ans évaluent la soutenabilité de leur travail.

Des « épargné.e.s» au « pénible et contraint »

Les « épargné.e.s » regroupent celles et ceux qui subissent le moins les contraintes : horaires décalés, exigences physiques ou manque d’autonomie. Cette première configuration est la plus nombreuse et concerne 52% des femmes et 31% des salariés de 47 à 61 ans.

La deuxième configuration (« physique et peu de soutien ») est moins nombreuse et plus féminisée (16% des salariés, 57% de femmes). «Les femmes sont pour les deux tiers d’entre elles employées, principalement du fait de la très forte proportion de personnels des services directs aux particuliers ». 45% des femmes n’ont aucun diplôme et le temps partiel les problèmes de santé sont notables ( 19% et 10%).

La configuration « sous pression » souligne les faibles contraintes physiques vécues par les salariés mais met l’accent sur les obligations importantes liées au temps aggravées par un manque de ressources pour bien faire son travail. Ici l’équilibre vie pro/vie personnelle est un sujet éprouvé par une catégorie de salarié.es fortement diplomé.es.

Les deux dernières typologies « physique et décalé », « pénible et contraint » pointe l’importance des contraintes physiques, des horaires et du manque d’autonomie dans la réalisation du travail. 57% sont des employées et 47% sont des femmes pour la dernière catégorie.

Etre ou se sentir capable de rester dans le travail jusqu’à la retraite

Chacune de ces configurations combinent des caractéristiques du travail et des caractéristiques d’emploi qui peuvent être difficiles à tenir avec l’avancée en âge souligne l’étude. « Comparées à la configuration « épargnée », toutes les autres configurations de travail accroissent la probabilité de ne pas se sentir capable de rester dans le même travail jusqu’à la retraite, aussi bien pour les hommes que pour les femmes ».

Dans quasiment toutes les configurations, la proportion de femmes qui ne se sentent pas capables et ne souhaitent pas rester dans le même travail jusqu’à la retraite est plus marquée que pour les hommes indique l’économiste. En insistant sur le faible intérêt des politiques publiques pour la transition progressive entre emploi et retraite, l’autrice souligne aussi le peu de dispositions favorisant des actions relatives aux conditions de travail pour les seniors.

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