LE SEXISME EN FRANCE SE PORTE BIEN, MERCI POUR LUI !

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Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a rendu le 2 mars son rapport sur l’état du sexisme en France. Ce 2ème état des lieux n’épargne aucun secteur de la société. L’entreprise, les médias et le monde politique perpétuent les représentations stéréotypées et les comportements sexistes malgré les initiatives.

Malgré l’ensemble des dispositifs législatifs l’entreprise est un terreau fertile pour le développement du sexisme. 66% des femmes témoignent avoir subi au moins une forme de harcèlement sur son lieu de travail. Commentaires et remarques grossières, attouchements ou pressions pyschologiques pour obtenir des faveurs sexuelles. Phénomène européen, l’entreprise semble perpétuer des comportements sexistes forgés au sein de l’université et des grandes écoles. « Il suffit d’une situation où l’enjeu est important, comme un concours ou un examen, pour réactiver ces stéréotypes, stockés dans la mémoire, et déclencher des pensées négatives qui viennent parasiter le raisonnement, créer de l’insécurité, et nuire à la réussite de ces étudiantes, pourtant souvent parmi les meilleurs de leur promo. » constate Isabelle Regner, professeure de psychologie sociale citée par le rapport.

Le cas d’Isabelle Kocher

Nulle doute que ces schémas répétitifs « institutionnalise » le sexisme, avant même l’entrée dans la vie professionnelle. Seules 18% des femmes non cadres estiment que leur entreprise combat le sexisme. Malgré la reconnaissance de l’agissement sexiste dans le code du travail, les nouvelles dispostions législatives peinent à modifier les rapports de pouvoir. Pourtant, charte d’engagement, guide des bonnes pratiques, évaluation sont des outils avec lesquels les entreprises peuvent mesurer leur engagement. Le rapport fait un focus sur l’emblatique cas d’Isabelle Kocher, seule femme à la tête d’une entreprise du CAC 40 débarquée le 24 février 2020.

Le traitement médiatique du départ de la patronne d’Engie est un cas d’école. Le rapport a analysé 7 articles de la presse nationale. Fréquemment ramenée à son statut de mère, l’ex CEO est décrite dans des liens de subordination avec son mentor Gérard Mestrallet. « Elle doit maintenant démontrer qu’elle a la stature d’un grand patron… « . Décrite comme « discrète », « bosseuse », brillante » on retrouve tout le vocabulaire de la bonne élève. Cerise sur le gateau du sexisme, les recherches sur les moteurs de recherche font une place aussi importante à sa vie privée que professionnelle. Pour Gérard Mestrallet, les premiers occurences sont « administrateur », « Président d’honneur » et « ancien patron d’Engie ».

La culture sexiste des médias

Les médias participent au développement d’une culture sexiste. Les experts sont toujours très majoritairement masculins sur les plateaux (83%). Et il n’y a que 8% de femmes réalisatrices. Une faiblesse endémique qui se conjugue avec les programmes phare de télé réalité regardés par les jeunes générations. Le rapport examine à la loupe « Les Anges », « Koh-Lanta » et « Les Marseillais VS. Le Reste du Monde ». L’archétype d’une « culture de la virilité » où les scènes verbales sont agressives. Les femmes sont sexualisées et souvent présentées comme stupides, même entre elles. « Elle passe déjà pour la cagole » s’énerve une candidate contre une autre. Tous les clichés virils sont également à la fête. « On va aller discuter comme deux hommes tous les deux, c’est bon ? T’es un homme ? ». Edifiant !

Le test de Bechdel

Sans surprise, ces émissions ont échoué au test de Bechdel qui repose sur 3 critères. « Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre, qui parlent ensemble et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme ». L’exercice mesure ainsi la sous représentation des femmes dans les œuvres de fiction. Le concours « Miss France » développe un autre pan du sexisme avec une image archaïque du rôle des femmes. Les candidates ne doivent être ni mariée, ni pacsée, ni avoir d’enfant. Une mesure discriminatoire qui ne fait pas discussion. « Il faut qu’elles affichent une disponibilité sexuelle, pour le fantasme masculin… », décrypte Marlène Coulomb Gully, professeure en science de l’information citée dans le rapport.

La politique vivier du sexisme en France

Le monde politique est un vivier prospère du sexisme. La récente affaire Beaupin a mis en lumière les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes. Le sentiment d’impunité qui prévaut toujours chez les hommes politiques se trouve renforcer par une cooptation que la sociologue Françoise Gaspard appelle « le Fratriarcat ». Réseautage et réunions informelles continuent d’exclure les femmes des prises de décisions. Par ailleurs toute ambition féminine est stigmatisée car incompatible avec le rôle d’une mère. On se souvient du « Mais qui va garder les enfants » de Laurent Fabius lorsque Ségolène Royal annonce sa candidature à l’élection présidentielle.

L’invisibilisation est aussi à l’œuvre lorsqu’il s’agit d’amputer les femmes politiques de leur nom de famille. On parle du duel « Ségo/Sarko », renvoyant les femmes à une sphère privée. Le collectif « Chair collaboratrice » créé en 2016 a recensé les faits de harcèlement et de violences visant les collaboratrices parlementaires. Selon Alice Gayraud, membre de l’association « Les violences contre les femmes sont systémiques. 1 collaboratrice sur 2 a été victime d’une remarque sexiste sur son physique ou sur sa tenue. 1 sur 5 d’une agression sexuelle”. Sous convert de séduction, le sexisme est bien présent. Sans modèle féminin à la tête des partis, les femmes apparaissent toujours comme des intruses en politique. Il suffit de rappeler les sifflements qui ont accompagné la prise de parole à L’Assemblée Nationale de Cécile Duflot car vêtue d’une robe à fleurs …

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