La justice a relaxé les victimes de Denis Beaupin et les journalistes de France Inter et Médiapart accusées de diffamation. Dans la foulée le tribunal correctionnel de Paris a condamné le plaignant pour procédure abusive. Un excellent signal.
Le tribunal correctionnel a relaxé vendredi 19 avril les femmes qui accusaient l’ex député d’agressions sexuelles et de harcèlement. Le procès s’est retourné contre son instigateur qui disait « vouloir laver son honneur ». Denis Beaupin avait également poursuivi les deux journalistes et leur média (France Inter et Médiapart) qui avaient donné la parole à ses victimes. La procureure a entendu les victimes et a pointé l’absence de l’accusateur à l’audience. Une attitude qui en dit long sur le sentiment d’impunité de l’ex député.
Le pouvoir a-t-il un sexe ?
Pour mémoire, l’affaire révélée il y a trois ans par Isabelle Attard, députée, Elen Debost, adjointe au maire du Mans, Annie Lahmer, aujourd’hui conseillère régionale pour Europe Écologie-Les Verts et Sandrine Rousseau, ancienne secrétaire nationale adjointe d’EELV avait conduit à un procès que cette dernière a qualifié « d’emblématique de la situation des femmes en politique » lors de la journée organisée à l’Assemblée Nationale consacrée à la question « le pouvoir a-t-il un sexe ?. Alors que se déroulait le 8 février le procès intenté par Denis Beaupin contre ses victimes, des femmes et quelques hommes répondaient à cette interrogation fondamentale. « Ce procès raconte les procédés d’un agresseur mais aussi de tout un système autour, permettant qu’il (Beaupin) sévisse pendant plusieurs années ».
Le problème ce n’est pas la parole des femmes, mais l’écoute des hommes.
David Corman, Secrétaire national d’@EELV. Candidat aux Européenne
Et c’est aussi le courage de ces femmes que la justice a reconnu. Sandrine Rousseau a parlé d’un « procès historique » et a confié au JDD que « Cette procédure en diffamation consistait à nous faire taire et le tribunal a définitivement confirmé que nous avions le droit de nous exprimer ». Une légitimité formelle, reconnue, qui devra profiter à toutes les femmes qui portent plainte pour agressions sexuelles. Bien que reconnaissant le caractère diffamatoire des articles de presse incriminés par Denis Beaupin, la 17ème chambre correctionnelle de Paris a retenu la bonne foi des auteurs en l’absence de débats contradictoires, les faits étant prescrits et l’élu ayant refusé de répondre aux questions des journalistes.
Les éventuelles infractions pénales à caractère sexuel qui auraient été commises par un important responsable politique d’un parti politique français de premier plan – Denis Baupin étant vice président de l’Assemblée nationale – constituent à la fois un sujet politique et de société, décrivant le système politique et l’état des rapports entre les hommes et les femmes, dans la sphère politique et plus généralement dans l’ensemble de la société. Contrairement à ce qu’indique le conseil de la partie civile, le fait d’évoquer des faits prescrits ne saurait exclure le motif légitime d’information.
Source : http://chroniquesdepalais.blogspot.com
Denis Beaupin condamné pour procédure abusive
Le tribunal a débouté Denis Beaupin de ses demandes de dommages et intérêts de 50 000 euros et l’a condamné à verser 500 euros à chaque prévenue pour procédure abusive. Les associations de défense des droits des femmes ont salué cette avancée. « C’est un signal fort donné par la justice aux auteurs de harcèlement et d’agression sexuelle qui, trop souvent, détournent la procédure en diffamation et l’utilisent pour “bâillonner” les victimes et leurs alliés qui dénonceraient leurs agissements, renversant ainsi les culpabilités » a publié la Fondation des Femmes sur les réseaux sociaux. L’avocat de Denis Beaupin, Emmanuel Pierrat a indiqué que l’ex député se réservait « le droit de faire appel »…