LA SIMPLE PARITÉ NE SUFFIT PAS : ET SI TOUT SE JOUAIT SUR LE LEADERSHIP DES FEMMES EN ÉQUIPE ?

parité et leadership des femmes

En novembre 2023, une étude intitulée américaine a montré comment la présence des femmes et leur leadership influencent les décisions au sein des équipes. Ces résultats, confirmés par des recherches en Suède et ailleurs, mettent en avant la nécessité de repenser l’inclusion. L’objectif : garantir une vraie égalité d’influence dans le milieu professionnel.

Au sein des entreprises, il est souvent question d’augmenter la représentation des femmes, que ce soit dans les équipes de travail, les conseils d’administration ou les postes de direction. Mais être simplement présente est-il suffisant pour avoir un impact ? Une étude intitulée « La force du nombre ? Composition de genre, leadership et influence des femmes dans les équipes », publiée en novembre 2023, apporte des éléments de réponse. Elle révèle que la proportion de femmes dans une équipe ainsi que leur position de leader sont des facteurs déterminants pour accroître leur influence.

L’étude, menée à travers deux expériences de terrain avec des étudiants aux États-Unis, montre que les femmes en minorité dans des équipes majoritairement masculines peinent à exercer leur influence. En revanche, lorsqu’elles sont en majorité ou qu’une femme est désignée leader, leur pouvoir de décision s’accroît considérablement, même au sein d’équipes dominées par les hommes. Cette dynamique est cruciale pour comprendre comment transformer la participation féminine en une réelle capacité à peser sur les décisions.

L’influence des femmes : une question de nombre et de leadership

Les résultats sont frappants : dans les équipes où les femmes sont en minorité, elles sont largement sous-estimées en termes d’influence. Dans l’une des expériences, les femmes n’étaient considérées comme influentes que dans 9,7 % des cas, bien en dessous des 20 % attendus si l’influence avait été équitablement répartie. En d’autres termes, être une voix féminine isolée dans un groupe d’hommes réduit considérablement la perception de leur influence.

Une étude suédoise réalisée en 2022 renforce cette conclusion. Elle montre que les femmes sont nettement moins enclines à exprimer un désir de leadership dans des équipes à majorité masculine. Cela s’explique par un manque de confiance en leur performance et une anticipation d’un faible soutien de la part de leurs collègues masculins​.

Les hommes, pour leur part, ne subissent pas le même désavantage lorsqu’ils sont en minorité dans une équipe féminine. L’étude révèle qu’ils continuent à être considérés comme influents, même lorsqu’ils ne constituent qu’une petite part de l’équipe. Alors que dans les équipes où les femmes sont en minorité, elles doivent surpasser les hommes les plus performants pour être perçues comme ayant un réel impact. Constat que traduisent des femmes dirigeantes comme Avis Yates Rivers, PDG de Technology Concepts Group : « Vous entrez dans une pièce et vous agissez comme si vous apparteniez à cet endroit. Prenez une place à la table, pas une chaise contre le mur, et élevez votre voix pour qu’on vous entende. »

Quand les femmes leaders font la différence

L’une des conclusions les plus marquantes de l’étude est que le simple fait d’augmenter le nombre de femmes dans une équipe ou de désigner une femme comme leader peut réduire de 50 % les comportements discriminatoires à leur égard. Selon les chercheurs, il s’agit de « créer un environnement institutionnel qui réduit l’expression des comportements discriminatoires au niveau individuel ». Autrement dit, un cadre organisationnel bien pensé peut permettre aux femmes de s’imposer et d’exprimer leur influence, même dans des environnements traditionnellement dominés par les hommes.

Pourtant, malgré ces progrès, le Global Gender Gap Report 2023 du Forum économique mondial souligne une tendance inquiétante : la proportion de femmes dans les rôles de leadership recule dans des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Les embauches de femmes à des postes de direction ont chuté à des niveaux comparables à ceux de 2021, effaçant les avancées réalisées dans des secteurs comme la technologie et les services professionnels​.

Toutefois, la confiance reste un enjeu central pour les femmes dans ces environnements. Comme l’expliquait Loretta Franks, vice-présidente chez Kellogg sur le site Theglasshammer « Nous devons transformer des mots comme ‘confiance’ qui peuvent être perçus de façon négative en atouts positifs. Prioriser son propre développement est crucial ».

Une question de dynamique collective

Mais l’impact du leadership féminin ne se limite pas à la leader elle-même. En effet, les femmes autres que la leader bénéficient aussi de cette dynamique positive. Par exemple, l’étude montre que, dans les équipes dirigées par une femme, non seulement la leader est considérée comme influente, mais les autres femmes du groupe le sont également, signe que l’effet de leadership féminin dépasse la simple position hiérarchique pour impacter positivement toute la dynamique de groupe.

Ce phénomène révèle la puissance des modèles de rôle féminins et la manière dont le leadership féminin peut servir de levier d’inclusion. « L’attribution formelle du rôle de leader à une femme change la dynamique de groupe et favorise l’égalité d’influence » conclut l’étude. Ce constat met en lumière l’importance de repenser les structures organisationnelles pour donner aux femmes les clés de leur pouvoir d’action, et pas seulement des sièges à la table.

Au-delà de la parité : repenser l’inclusion

​Alors que de nombreuses initiatives se concentrent sur la parité dans les équipes, cette étude montre que le simple fait d’atteindre un quota de femmes ne suffit pas à garantir leur influence réelle. La manière dont les équipes sont structurées, et surtout qui les dirige, joue un rôle clé. Il est donc essentiel que les entreprises ne se contentent pas d’ajouter des femmes dans leurs rangs, mais qu’elles revoient également leurs pratiques de leadership pour s’assurer que ces femmes aient une réelle capacité d’influence. Le nombre et le leadership comptent.

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