JULIA DUCOURNAU : UNE PALME D’OR SANS PARTAGE

"Titane" Julia Ducournau
capture Teaser « Titane » de Julia Ducourneau

Le festival de Cannes a clos ses portes le 17 juillet dernier après onze jours de projections et de remises de prix. La Palme d’Or qui récompense le meilleur film de la sélection officielle du festival a été remise cette année à une femme : une grande première.

Depuis 1939, le festival de Cannes récompense les meilleurs films et équipes pour la réalisation de films de niveau international. La Palme d’Or est devenue avec le temps l’une des récompenses les plus prestigieuses du cinéma à échelle mondiale et représente une véritable consécration pour les réalisateurs qui la reçoivent. Toutefois depuis 1939, la Palme d’Or n’a été remise qu’une fois à une femme : la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, en 1993, pour son film La leçon de piano qui paraissait très féministe à sa sortie. Et encore, cette distinction avait été partagée avec le réalisateur Chen Kaige pour son film Adieu ma concubine. Une demi victoire, en d’autres termes. Depuis, pas une seule réalisatrice n’avait été récompensée par l’ultime prix du festival de Cannes.

Un festival en manque d’égalité femmes-hommes

La parité dans le cinéma loin d’être de mise est encore plus manifestement ignorée à l’aune des remises de prix. Chaque année, une vingtaine de films entrent en compétition pour la Palme d’Or et pourtant, ceux réalisés par des femmes ne représentent jamais plus d’un cinquième de la compétition (avec un pic de représentation des femmes en 2019, quand quatre femmes concouraient parmi les 19 films sélectionnés…).

Cette année est donc exceptionnelle : le film qui succède à Parasite, le film au succès planétaire de Bong Joon-ho n’est autre que Titane, le second film très attendu de la réalisatrice Julia Ducournau, benjamine de la compétition cette année. La cinéaste, âgée de 37 ans, a offert à Cannes une expérience inédite. Le festival qui peine à récompenser les films d’horreur a cette année été servi par un thriller qui a fait trembler les spectateurs. Julia Ducournau avait déjà marqué les esprits en 2016 avec la sortie de son premier film, Grave, sur une jeune fille végétarienne qui rejoint une école vétérinaire et qui devient cannibale après un bizutage qui la transforme. Grave avait ainsi laissé place à une nouvelle vision du cinéma et a ouvert la voie pour que Titane soit accueilli cinq ans plus tard.

Julia Ducournau « laisse entrer les monstres »

 « Après une série de crimes inexpliqués, un père (Vincent Lindon) retrouve son fils disparu depuis 10 ans. Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs. ». Un synopsis qui en dit peu. C’est pourquoi les spectateurs de Cannes ont été surpris par la violence du scénario. Le film a suscité de très vives émotions pendant et après sa diffusion, allant jusqu’à nécessiter la présence des pompiers à la sortie de la salle de cinéma.

Lors de la remise de son prix par Sharon Stone, Ducournau a confié, « La monstruosité qui fait peur à certains et qui traverse mon travail, c’est une larme mais, c’est une force pour faire repousser les murs de la normativité qui nous enferme et qui nous sépare. […] Je voulais remercier infiniment le jury de reconnaître avec ce prix le besoin avide et viscéral que l’on a d’un monde plus inclusif et plus fluide ». Un discours en faveur de l’acceptation de ce qui déroge à la norme et dépasse les injonctions.

Marqué par un sens de l’esthétique très particulier et une bande-son entraînante qui contraste avec ce qui se passe à l’écran, le film semble viser un public averti. L’avènement au grand public de Julia Ducournau marque ainsi peut-être le début d’une égalité femmes-hommes plus présente au cinéma.

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