IMAN BOWIE : « ILS MONTAIENT DÉLIBÉRÉMENT LES MANNEQUINS NOIRES LES UNES CONTRE LES AUTRES »

extrait "no filter" Iman Bowie Naomi Campbell
capture ecran video Youtube « no filter » Naomi Campbell

La mannequin britannique Naomi Campbell s’est entretenue fin avril avec Iman Bowie, la modèle somalienne de 65 ans. L’occasion de revenir sur sa carrière iconique et surtout d’aborder la question cruciale du racisme dans l’industrie de la mode. 

La mannequin britannique Naomi Campbell, 51 ans, mène depuis plusieurs mois des interviews vidéos avec des personnalités de la mode ou de la pop culture pour une série qu’elle a baptisée « No Filter ». Fin avril, elle s’est tournée vers une consœur : Iman. Un simple prénom suffit selon Naomi Campbell à définir cette « reine », qui fut la compagne de Davie Bowie de 1992 jusqu’à son décès en 2016. 

Comme elle le rappelle en introduction, Iman a « franchi tant de frontières » et a « ouvert la voie à un nombre incalculables de mannequins ». Née en Somalie en 1955 et fille de diplomates, Iman a grandi dans plusieurs pays. Elle parle cinq langues quand elle débarque à New York en 1975. Les gens du milieu de la mode penseront pourtant tous qu’elle ne parle pas anglais. Ce n’est là qu’un des exemples de la condescendance à laquelle elle fait face. 

Des grilles de salaire différentes en fonction de la couleur de peau

Durant cette interview d’une heure avec Naomi Campbell, Iman, 65 ans aujourd’hui, revient longuement sur le racisme auquel elle a fait face dans l’industrie de la mode. Elle raconte ainsi les grilles de salaire différentes en fonction de la couleur de peau : « Mon taux était différent de celui des filles blanches. C’était une règle implicite ». Face à cette ineptie, elle s’est mise en grève pendant trois mois. « Si je fournis le même travail qu’une mannequin caucasienne, pourquoi serais-je moins bien payée ? Je pensais que si j’acceptais d’être payée à un salaire plus bas, cela revenait à dire “Je mérite moins.”»

Iman relate encore un autre souvenir avec un maquilleur, qui lui a demandé si elle avait ramené son propre fond de teint, parce qu’il n’avait pas sa teinte. Cette expérience a poussé la mannequin à créer en 1994 sa propre marque de maquillage, Iman Cosmetics, principalement dédiée aux femmes qui n’ont pas la peau blanche, avec 14 teintes différentes. 

Le « tokénisme » de l’industrie de la mode 

Elle se souvient aussi de la façon dont elle était systématiquement opposée à Beverly Johnson, une autre mannequin noire. « Ce que j’ai vu à mon arrivée, c’est qu’ils montaient délibérément les mannequins noires les unes contre les autres, comme s’il fallait en détrôner une pour avoir une place, alors qu’il y avait plein de mannequins blanches qui travaillaient en même temps », déclare-t-elle. 

Un exemple de « tokénisme », quand une industrie comme celle de la mode tente de montrer une face inclusive, alors qu’elle continue de perpétrer un système discriminatoire. Une pratique qui ressemble à celle du « féminisme washing » décrit par Léa Lejeune dans son livre éponyme paru en mars, dans lequel elle raconte comment des marques récupèrent la cause des femmes à des fins mercantiles. Elle associe d’ailleurs, dès les premières pages, ce « recyclage » à l’industrie de la mode, en évoquant les efforts de Dior pour s’associer au mouvement féministe, sans s’adresser pour autant à toutes les femmes.  

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