Quelques heures avant de recevoir un Deauville Talent Award pour l’ensemble de sa carrière, l’actrice Geena Davis a évoqué ce mardi le documentaire qu’elle a produit sur la sous représentation des femmes dans le cinéma. L’actrice iconique de Thelma & Louise dénonce le sexisme toujours prégnant malgré #MeToo.
Modifié à 11h 33
Invitée du 45 ème Festival Américain de Deauville, Geena Davis (63 ans) a présenté mardi 10 septembre le documentaire « Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood » de Tom Donahue. Un plaidoyer contre le sexisme, étayé par les données collectées par l’Institut d’études sur la représentation des femmes à l’écran fondé par l’actrice. A l’écran, Mery Streep, Natalie Portman, Cate Blanchett dénoncent une industrie du divertissement pétrie de comportements discriminatoires. « Non les choses n’ont pas évolué pour les femmes réalisatrices. Quand on regarde les chiffres, ils sont en baisse cette année. C’est une honte ! « s’agace l’héroïne de Beetlejuice.
4% de réalisatrices aux Etats-Unis
Avec 4% de femmes derrière la caméra (contre 24% en France), les Etats-Unis font figure de mauvais élève. Pourtant #MeToo est passé et la révolution n’a pas eu lieu constate Geena Davis, « Dans les écoles de cinéma il y a autant de femmes que d’hommes, donc il ne s’agit pas d’un manque de réalisatrices, c’est simplement qu’on ne les embauche pas ». Militante engagée contre le sexisme, la fondatrice de l’institut (Institute of gender in media) reste cependant optimiste, et souligne que la parole sur les questions de discrimination s’est libérée. « Gillian Anderson, héroïne de la série X Files était payée moitié moins que David Duchovny (son partenaire à l’écran). Elle en a parlé ouvertement et a obtenu le même salaire ».
Le festival du cinéma américain de #Deauville a rendu hommage à l’actrice américaine Geena Davis pour sa carrière et son engagement en faveur d’une meilleure représentation des femmes devant et derrière la caméra ! #Deauville2019 @DeauvilleUS https://t.co/qxH6Og7KVg
— Le Pays d’Auge (@pays_dauge) September 10, 2019
Inspirée par Susan Sarandon
Une attitude impensable à l’époque où l’actrice démarre sa carrière. « Nous avons appris à ne jamais nous plaindre, même en cas de harcèlement sexuel ou de discrimination. Il y avait tellement peu de rôle pour les femmes ! Nous savions que l’on pouvait toujours trouvé quelqu’un de moins cher pour nous remplacer ». Sa prise de conscience féministe nait sur le tournage de Thelma & Louise. « Je n’avais jamais rencontré de femme comme Susan Sarandon (Louise) qui disait ce qu’elle pensait ».Pendant 3 mois, Geena Davis observe le comportement de sa partenaire qui n’hésite pas à monter au créneau. « Avant la pause déjeuner, Ridley Scott, le réalisateur m’avait suggéré de retirer mon tee shirt pour une scène. Je pars déjeuner, et je vais voir Susan. Elle s’est levée et a dit à Ridley que je ne le ferais pas, avant de retourner déjeuner ».
Avec Thelma & Louise toute la presse disait enfin les choses changent pour les femmes ! Et moi même j’y croyais. Mais en fin de compte cela n’a rien changé. Tous les deux trois ans, il y a un film qui sort avec lequel on dit ça y est, mais il y a toujours quelque chose qui arrête ce mouvement.
Faire changer l’industrie du divertissement pour enfants
Cette manière d’être polie et de ne pas faire de vague est une éducation qui formate les filles dès le plus jeune âge. L’actrice estime qu’il est plus facile de faire changer les comportements avec les films pour enfants où l’Institut dénombre la présence de 3 personnages masculins pour un personnage féminin « Les producteurs n’étaient pas conscients du problème. Ils étaient horrifiés et prêts à changer« . Alors les quotas seraient la solution ? Impossible dans une « industrie créatrice », sauf peut-être pour les réalisateurs répond la productrice. Persuadée de l’impact du cinéma sur la « vraie vie », Geena Davis conclut par une boutade. « Peut-être que je serais la prochaine Présidente des Etats-Unis, après tout je l’ai été à l’écran (dans la série Commander in chief) ! »
« Tout peut changer et si les femmes comptaient à Hollywood », sortie le 8 janvier en France.
Avec Sophie Quesnel – Le Pays d’Auge
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