FEMMES DE 50 ANS : ET SI ON ADOPTAIT 5 STRATÉGIES COLLECTIVES POUR METTRE FIN À L’INVISIBILITÉ ?

5 stratégies collectives pour mettre fin à l'invisibilisation des femmes de 50 ans
© j’ai piscine avec SImone

Les femmes de 50 ans et plus sont souvent reléguées à une invisibilité sociale injustifiée, malgré leur poids économique, leur expérience et leur contribution massive à la société. Inspirées des pratiques américaines d’organisation communautaire, ces cinq stratégies innovantes visent à leur redonner une place centrale et une visibilité méritée. Entre boycott économique, réseaux de sororité et campagnes d’affichage participatives, ces initiatives s’inscrivent dans une dynamique de changement profond et collectif.

Les « Community organizing » sont nés aux États-Unis dans les années 1930, en réponse aux inégalités sociales et économiques. Leur objectif était de mobiliser des communautés marginalisées pour les aider à défendre leurs droits, notamment en s’appuyant sur la force du collectif. Ces organisations communautaires ont joué un rôle majeur dans des mouvements historiques comme la lutte pour les droits civiques, en adoptant des stratégies innovantes allant du boycott à la grève, en passant par des campagnes de sensibilisation. Et si ces pratiques inspiraient des stratégies concrètes pour que les femmes de 50 ans et plus retrouvent leur voix ?

Boycott stratégique des marques âgistes

Les chiffres : Les femmes de 50 ans et plus sont des consommatrices fidèles et influentes dans des secteurs comme la mode et la beauté. Pourtant, moins de 15 % des publicités représentent des personnes de plus de 50 ans, et parmi elles, les femmes sont encore sous-représentées. Leur pouvoir d’achat et leur capacité à influencer les marchés sont largement sous-exploItés.

Pourquoi ? Inspiré des « community organizing » américains, ce type d’action repose sur des tactiques clés comme le porte-à-porte, les réunions locales et des campagnes de sensibilisation ciblées. Ces méthodes ont été utilisées pour mobiliser des communautés et exercer une pression économique, notamment par le biais de boycotts emblématiques. Exemple marquant, celui du boycott des bus de Montgomery (1955-1956), mené sous la direction de leaders comme Rosa Parks et Martin Luther King Jr., qui a joué un rôle décisif dans le mouvement des droits civiques aux États-Unis. Un mouvement fondé sur le « Name and shame » listerait les marques non inclusives et encouragerait les femmes à consommer chez des entreprises valorisant leur diversité d’âge.

Figure emblématique : Ari Seth Cohen avec son projet « Advanced Style » (35 ans) met en valeur les femmes seniors dans la mode, bastion du jeunisme.

Création d’un syndicat des femmes de 50 ans et plus

Chiffres clé : Un senior sur 4 déclare avoir été discriminé dans le travail à cause de son âge. Les femmes de 50 ans et + gèrent également une grande partie du travail invisible, notamment familial.

Pourquoi ? Ce type de mobilisation s’appuie sur des exemples concrets comme les « workers’ centers », qui offrent aux travailleurs marginalisés des ressources pour s’organiser notamment en aidant des employés précaires à revendiquer des conditions de travail justes. Les initiatives de Saul Alinsky, pionnier de l’organisation communautaire, en particulier à Chicago, ont aussi permis de structurer des revendications collectives (sit-in festif devant la villa d’un propriétaire véreux qui refuse de rénover un immeuble…). Ces modèles inspireraient un syndicat des femmes de 50 ans pour formuler des demandes claires : égalité salariale, quotas aux postes de direction et reconnaissance de leur rôle économique.

Figure emblématique : Fatima Ouassak, (48 ans) militante et auteure engagée pour les droits des femmes, et cofondatrice du collectif Front de mères, premier syndicat de parents d’élèves des quartiers populaires.

Journée de grève nationale des femmes seniors

Chiffres clé : 29 % des femmes exercent un rôle d’aidante auprès d’une proche. Les femmes âgées de 55 à 64 ans apparaissent comme la sous- population la plus fréquemment impliquée dans l’aide à un proche..

Pourquoi ? Inspirée des grèves communautaires féminines aux États-Unis, cette approche s’appuie sur des actions emblématiques comme le mouvement « A Day Without a Woman » en 2017. Organisée par les initiateurs de la Marche des Femmes, cette grève a mis en lumière l’impact économique et social des femmes en les appelant à suspendre toute activité professionnelle, de consommation ou domestique pendant une journée. Plus récemment la grève des femmes en Islande (2023) pour réclamer l’égalité salariale et lutter contre la violence basée sur le genre a fait preuve de son impact.

Figure emblématique : Ada Colau, (50 ans),ancienne maire de Barcelone a donné la priorité au Conseil municipal aux politiques publiques axées sur la lutte contre les inégalités, le droit à un logement décent, le lancement d’un modèle de ville plus durable et le renforcement de la participation des habitants.

Campagnes d’affichage participatives

Chiffres clé : Seuls 9 % des rôles ont été attribués à des comédiennes de plus de 50 ans en 2023 source le baromètre de La commission Tunnel de la comédienne de 50 ans– AAFA.

Pourquoi ? Des campagnes d’affichage emblématiques comme celles des droits civiques dans les années 1960 ont été utilisées pour dénoncer la ségrégation raciale. Plus récemment, le mouvement Black Lives Matter a largement employé des affichages dans les espaces publics pour sensibiliser aux injustices raciales et mobiliser l’opinion publique.

Figure emblématique : Linda Rodin (77 ans), fondatrice de la marque de cosmétiques Rodin Olio Lusso.

Mise en place d’un réseau de sororité numérique

Chiffres clé : Les femmes de 50 ans et plus représentent 40 % des utilisatrices actives de Facebook en France et recherchent des solutions pratiques pour le mentorat, la reconversion professionnelle et l’entraide sociale.

Pourquoi ? La campagne électorale de Barack Obama en 2008 a démontré la puissance de ces outils numériques pour organiser des communautés. Sa plateforme MyBO (My Barack Obama) a permis aux partisans de se mobiliser localement, de planifier des actions et de collecter des fonds, illustrant comment un réseau bien structuré peut amplifier un mouvement. Aux États-Unis, des plateformes comme « She Should Run » encouragent les femmes à s’impliquer dans la politique. Ces réseaux numériques sont devenus des outils fondamentaux pour connecter les communautés et coordonner des actions collectives.

Figure emblématique : Anne-Marie Imafidon (34 ans), fondatrice de Stemettes pour promouvoir les femmes dans la technologie, encouragent les femmes à s’approprier les outils digitaux pour se renforcer. En 2022, elle a publié son livre She’s in CTRL, un guide destiné aux femmes pour qu’elles se réapproprient la technologie.

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