L’arrêt Roe vs Wade qui garantit le droit constitutionnel à l’avortement aux Etats-Unis est menacé par une possible décision de la Cour Suprême. Dans l’intense bataille qui se joue, des arguments économiques sont mis en avant, en particulier par la secrétaire au Trésor Janet Yellen, mais sont-ils vraiment pertinents ?
La Cour Suprême pourrait cesser de garantir la constitutionnalité du droit à l’avortement. Une régression majeure sur les droits reproductifs des américaines si l’avis rédigé par le juge conservateur Samuel Alito était confirmé par la plus haute institution judiciaire du pays. De quoi fourbir des arguments plus ou moin pertinents pour chacun des camps. Janet Yellen, Secrétaire au Trésor a avancé des arguments économiques pour défendre ce droit menacé.
« Je crois que l’élimination du droit des femmes à prendre des décisions sur le moment et l’opportunité d’avoir des enfants aurait des effets très dommageables sur l’économie et ferait reculer les femmes de plusieurs décennies » a répondu Janet Yellen au sénateur du New Jersey Bob Menendez qui l’interrogeait sur les répercussions économiques de l’annulation du droit à l’IVG. Une opinion qu’elle a développée en argumentant que les droits reproductifs avaient permis aux femmes d’accroitre leur « participation à la vie active ».
L’élimination d’un droit qui existe depuis un demi-siècle, en particulier pour les femmes à faible revenu et appartenant à des minorités, qui ont déjà subi une grande partie du fardeau de la pandémie de Covid, serait un désastre.
Janet Yellen
Le retour sur le droit à l’avortment néfaste pour l’emploi des femmes ?
Pourtant, les chiffres de l’emploi américain ne confirme pas cette théorie. L’arrêt Roe vs Wade n’est pas corrélé au niveau d’emploi des femmes. « Les taux d’avortement ont diminué de moitié depuis 1980 les taux de grossesse chez les adolescentes ont chuté de deux tiers depuis 1990 grâce à un accès accru à la contraception » souligne le WSJ. En France, une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publié en septembre 2020 établit pourtant que les femmes en situation de précarité recourent plus que les autres à l’IVG.