Au cours des derniers jours des femmes ont pris la plume pour exiger que le fameux monde d’après ne se construise pas sans elles. Femmes politiques, femmes de réseaux et citoyennes ont publié deux tribunes convergentes cette semaine. Une réelle urgence est à l’œuvre.
Une fois n’est pas coutume, 12 femmes de gauche relaient dans Libération leur mantra, « demain sera féministe ou il ne sera pas ». De Clémentine Autin (La France Insoumise) à Esther Benbassa (EELV), les élues débordent du cadre politique pour alerter sur la tentation d’effacer les femmes de la sphère publique. Une inquiétude qui se nourrit du discours martial du pouvoir et de « la précarité des femmes en première ligne dans cette crise » ainsi que le rapporte la députée européenne Aurore Lalucq.
Tribunes contre l’invisibilisation
Même préoccupation dans la tribune intitulée « Lettre à nos dirigeants » diffusée le 5 mai. Députées En marche, cheffes d’entreprise et citoyennes résument leur sentiment quant à l’après, « Sois précaire et tais toi » ! Un ressenti qu’elles expliquent par l’opposition systématique faite entre l’absence d’expertes et la médiatisation des « petites mains ». « Face à l’invisibilisation, voire au discrédit de la parole experte des femmes, répond l’hyper valorisation de la femme précaire« . Caissières, aides soignantes, femmes de ménages … énumère le texte dont « la charge mentale explose ».
Le message de la société #covid aux #femmes
— Esther Malka🇪🇺🦸🏽♀️🍀 (@estmalk) May 7, 2020
"Sois précaire et tais-toi !"
♀️Unissons-nous pour protéger notre avenir !
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Un couvert à la table du pouvoir
Les textes publiés s’affranchissent du politique pour dénoncer un constat commun. Faiblement représentées dans les fonctions politiques (17% seulement de femmes maires) les 52% de la population veulent un couvert à la table du pouvoir. Cette revendication concerne aussi les femmes qui ont un mandat. Manon Aubry dénonce le rôle de « potiche » auquel elles sont trop souvent réduites. Alors qu’en est-il pour les citoyennes chroniquement oubliées ? La « lettre aux dirigeants » rappelle que les précarisées sont aussi « les 400 000 femmes seniors (…) coincées entre une fin de vie professionnelle abrégée et la perspective d’une retraite peu valorisée ». A elles aujourd’hui le bénévolat souligne le texte. Et demain l’oubli ?
« Va-t-on enfin écouter les femmes ? »
« Va-t-on enfin écouter les femmes ? » interroge la tribune en forme de pétition. Et ne pas laisser la représentation du leadership féminin politique à la seule femme à la tête « d’un parti d’extrême droite » glisse les femmes de gauche dans Libération. Une même préoccupation transversale qui au delà des appartenances politiques se soucient d’un monde d’après peu partageur. Lasses du sexisme subie en politique et d’une éviction de leurs compétences professionnelles, familiales et sociales, les femmes appelent à un véritable changement de paradigme.
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