Dans un discours impeccable Judith Godrèche a pris la parole lors de 49 ème cérémonie des César. La comédienne et réalisatrice qui a porté plainte pour violences sexuelles contre Benoit Jacquot et Jacques Doillon acte l’an zéro d’une nouvelle ère. Nombreuses l’espèrent.
« Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas. Ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ? » a interrogé Judith Godrèche dans une séquence ovationnée par le public de l’Olympia. Devenue la figure de proue contre les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma, l’ Icone of the french cinema [ N.D.LR : le titre de sa dernière série ] a livré un discours puissant au nom de toutes les victimes. « Mon passé, c’est aussi le présent des 2.000 personnes qui m’ont envoyé leurs témoignages en quatre jours ».a ajouté l’actrice qui a créé une adresse mail dédiée aux témoignages des victimes.
Judith Godrèche ne parle pas que de son histoire, mais d’un système de prédation banalisé. « Pourquoi accepter que cet art qui nous lie soit utilisé comme couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ? » poursuit-elle. Si la chambre d’écho est si puissante c’est sans doute que sa parole arrive dans un contexte de dénonciations constantes. D’Adèle Haenel en 2020 qui « se casse » sans aucun soutien de la salle à Charlotte Arnoux qui peine à faire entendre sa souffrance face à Gérard Depardieu, « monstre sacré » du cinéma français.
UNE PAROLE DE SOUTIEN À TOUTES LES VICTIMES
Un terrain déminée au prix d’un immense courage puisque rappelons le, Adèle Haenel ne tourne plus au cinéma et la parole de Charlotte Arnoux étouffée. Le discours de Judith Godrèche parle à toutes les femmes et à leurs filles, « Il faut se méfier des petites filles. Elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent, elles se blessent mais elles rebondissent ».
Nous sommes la foule qui vous croit, vous entoure, vous porte, vous permet et vous protège. Des milliers. Et seule vous ouvrez la voie avec votre présence, vos mots, vos silences, votre regard, votre sourire blessé, et la douceur de votre force. Ce soir vous entendrez notre souffle et notre cœur à l’unisson des votres ou que nous soyons. Noues toutes. Immense admiration. Immense gratitude.
Commentaire sur le compte Instagram de Judith Godrèche
La soirée sur le fil de cette parole a trouvé le soutien de la maitresse de cérémonie, Valérie Lemercier a acté d’emblée. « Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d’un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres ». Justine Triet récompensée de 6 Césars a été limpide : « Je voudrais dédier ce César à toutes les femmes, celles qui se sentent coincées dans leurs choix, dans leur solitude, celles qui existent trop et celles qui n’existent pas assez, à celles qui réussissent et à celles qui ratent, et enfin celles qu’on a blessées et qui se sont libérées en parlant. Et à celles qui n’y arrivent pas.
Pas mieux.