L’ÂGISME, LA DISCRIMINATION SI BIEN ACCEPTÉE PAR LA SOCIÉTÉ

agisme

Depuis plusieurs années, l’inclusion et la diversité sont au menu des entreprises. Une adaptation à l’évolution de la société bienvenue mais qui fait globalement l’impasse sur l’âgisme. Une discrimination plutôt bien acceptée a contrario de toutes les autres.

Le mème Ok boomer a fait du chemin. A l’origine de l’expression, une jeune parlementaire néo zélandaise qui interrompue par un député plus âgé qui commentait son jeune âge lui a lancé Ok Boomer. Devenue virale, la phrase stigmatise la génération née entre 1946 et 1964 pour son inadaptation supposée au monde actuel et numérique. Passée dans le langage courant, elle est emblématique d’une forme d’âgisme à laquelle personne ne trouve à redire.

Cette discrimination fondée sur l’âge véhicule des stéréotypes dont la liste est infinie. Les plus de 50 ans seraient inaptes au numérique, peu adaptables, moins créatifs… Bref peu employables pour les entreprises qui cherchent toujours à s’en débarasser. Mais la crise sanitaire et la démographie alertent sur un état d’esprit dangereux. En 2050, plus du tiers de la population sera âgée de plus de 60 ans. Les recruteurs devraient se pencher sur la question avec acuité, mais pour l’heure, l’âgisme est peu pris en compte. Laetitia Vitaud, experte du futur du travail estime que «les entreprises font mine d’entendre ce discours mais que pas grand chose ne bouge».

L’âgisme se porte bien

5ème roue du carosse des politiques d’inclusion et de diversité, cette discrimination n’est toujours pas au coeur des combats qui mobilisent. Car si le sexisme, le racisme dénoncés avec justesse auprès des tribunaux font l’objet de couvertures médiatiques, rien de tel pour le boomer moqué. Il n’ira pas porter plainte. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un biais qui ne s’exprime pas ouvertement. Personne ne lui dira vous êtes trop vieux pour le job, mais vous êtes surqualifié pour le poste, vous allez vous ennuyer … Ashton Applewhite, militante américaine contre l’agisme pointe l’intériorisation de ce stéréotype : «(…) la plupart des préjugés sont inconscients et nous ne pouvons pas les remettre en question sans y réfléchir. Tout changement commence à l’intérieur.»

Nos propres biais âgistes

Sommes-nous notre meilleure ennemie quand le sujet du vieillissement vient sur le tapis ? Dans le documentaire «Une chambre à elle, entretiens avec Benoîte Groult» (2006) l’écrivaine féministe explique que c’est dans le regard de l’autre qu’elle a pris conscience de son propre vieillissement. Car elle se sentait «égale à elle-même». Cette mise en abyme insidieuse construit notre propre perception agiste que nous nous empressons d’intérioriser. Lucy Kellaway, journaliste au Financial Time et fondatrice de l’associaition Now Teach écrit qu’il faut se dégager de ce stéréotype en ne tombant pas dans le piège des phrases clichés du type : «“Oh là là” chaque fois que mon écran se bloque. “Est-ce qu’un jeune peut m’aider ?».

Lire aussi sur J’ai Piscine Avec SImone :

PHILIPPINE LEROY BEAULIEU PLIE L’ÂGISME AVEC LE PERSONNAGE DE SYLVIE

«QUE DOIS JE FAIRE ? ARRÊTER DE VIEILLIR ? » SARAH JESSICA PARKER TACLE L’ÂGISME DES COMMENTAIRES

Laisser un commentaire

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.