Josiane Asmane, trentenaire publie « les Fleurs de l’âge », un document qui interroge la vie de 7 femmes âgées de 50 à 101 ans. Pas question de parler de séniorité mais bien de l’épanouissement lié à la vieillesse. Réjouissant pour battre en brèche les stéréotypes agistes.
Difficile de se projeter sur les prochaines décennies lorsqu’on a une trentaine d’années. Josiane Asmane, critique littéraire consacré son premier ouvrage aux « perennials », terme inventé par Gina Pell pour s’affranchir des classes d’âge. Les « plantes vivaces » interrogées par l’autrice ont des parcours éclectiques, des profils très différents mais toutes ont en commun l’art de se réinventer. « J’étais extrêmement surprise de voir que toutes ces personnes étaient vives, avaient de d’humour, beaucoup d’ironie, de la vitalité, de la mémoire. L’inverse de ce qu’on voit habituellement de la vieillesse » confesse la journaliste.
Jackie à l’agenda surbooké
Comment parler de ces âges de la vie qui sont si mal perçus par la société ? Le sujet s’impose à Josiane Asmane assidue membre du club de lecture de sa bibliothèque. Parmi les participantes, Jackie, 70 ans la bluffe. « j’étais stupéfaite de voir qu’elle maniait mieux son smartphone que moi, son agenda était overbooké, ce sont ces femmes là qui ont les réponses aux questions qu’on se pose ». D’autres rencontres viendront confirmer la puissance des ces femmes libérées du regard d’autrui. Perla Servan Schreiber (76 ans), mais aussi Claudia (63 ans), Patricia (58 ans) … des anonymes qui témoignent qu’on est pas foutues après 50 ans.
Rides et cheveux blancs
Josiane Asmane montre un aspect peu médiatique du vieillissement des femmes. « On les représente comme des personnes fragilisées, empêchées, qui perdent beaucoup, mais on ne montre pas ce qu’elles gagnent ». Ses icones s’appellent Iris Apfel et Viviane Westwood. Leurs rides et leurs cheveux blancs sont le gage de leur puissance et de leur force souligne la journaliste. Jackie lui récite des poèmes, Arlette (101 ans) se souvient de son premier entretien d’embauche. La mémoire ne flanche pas ! Les stéréotypes s’effritent au fur et à mesure que les vies se racontent.
L’âge contre le jeunisme
Il faut mettre plus de Natacha, de Colette, de Dominique et de Marie France dans le récit du vieillissement. L’autrice se désole des représentations biaisées. « Les arguments marketing façonnent sans que l’on y prenne garde une perception de la beauté qui nous fait croire que vieillir est négatif ». Le jeunisme de la société s’arrange de quelques icones cinquantenaires qui ne ressemblent à personne. « Des actrices dont le corps est leur outil de travail » glisse Josaine Asmane. Ces femmes sont de vrais « roles model » de qui l’on peut s’inspirer. « Comprendre leur état d’esprit, leur mentalité pour se les approprier sans attendre d’avoir 70 ans ».
Les lectrices me disent toutes que ces femmes interrogées leur font penser à leur grand-mère, leur mère ou l’une de leurs amies âgées. Toutes se reconnaissent et se projettent en elles, c’est pour ça qu’il était important de prendre des femmes non célèbres, car leur histoire résonne en chacune !
Un contraste intéressant pour la trentenaire qui constate que les femmes de sa génération s’inquiètent à l’idée de vieillir. « Les filles de ma génération ne se projettent pas au-delà de 40 ans, mais je pense que ça changera quand on verra dans la rue beaucoup plus de personnes âgées ». Une obligation de reconsidérer les modes de représentation dont devraient se saisir les marques et la publicité pour adresser ce marché si prometteur.
Les fleurs de l’âge – Flammarion 2021 – 320 pages