Conçu sur le modèle des clubs masculins le « Allbright » dédié aux « femmes actives » a ouvert ses portes le mois dernier au coeur de Londres. Ses deux fondatrices Debbie Wosskow (43 ans) ex startupeuse et Anna Jones (42 ans) ex directrice du groupe médias Hearst ont investi une vieille maison georgienne de 5 étages. Dans un décor cocooning les membres font du business, réseautent et prennent soin d’elles. Le succès est au rendez-vous. Et la liste d’attente ne cesse de s’allonger.
Les clubs londoniens ne sont plus l’apanage des gentlemen. Surfant sur la vague #metoo les femmes ont investi l’un des derniers bastions masculins : le club. Lieu fantasmé (les femmes y sont interdites) où les canapés chesterfield et les volutes de cigares concourent à l’élaboration de stratégies décisives ou de ragots. L’exclusivité de ces lieux a désormais saversion féminine dans une capitale réputée pour son militantisme féminin. Car déjà en 1883 l’University Club for Ladies (rebaptisé University Women’s Club) avait ouvert ses portes aux femmes d’affaires londoniennes de l’époque victorienne. Et avait été suivi du Pioneer Club, fondée en 1892 par Emily Massingberd. Un club revendiquée féministe.
Les clubs privés féminins : une signature londonienne
Alors rien de neuf sous le soleil ? Si l’on en croit les deux fondatrices les londoniennes n’auraient pas de lieu à elles. Pourtant les clubs privés féminins font régulièrement leur apparition. Notamment « The Sorority » créé en 2010 dans la capitale britannique. Les fondatrices d’Allbright ont créé un écosystème pour faciliter le business des femmes. Elles ont initié une « academy » où coachs et experts transmettent leur savoir faire. Au sein d’Allbright dans un décor british à l’esprit scandinave espaces de réunion, postes de travail, beauty bar, studio de yoga, bar et cuisine constitue un cocon idéal pour travailler et prendre du temps pour soi. « Nous avons essayé de faire un lieu célébrant les femmes. Pour les femmes et par les femmes. « Le genre d’endroit qui manquait (à Londres) jusqu’à présent », dit à l’AFP Anna Jones.
Il y a une place spéciale en enfer pour les femmes qui ne s’entraident pas. Madeleine Allbright ex Secrétaire d’Etat américaine.
L’Allbright l’un des clubs privés féminins le plus abordable
Baptisé du nom Madeleine Allbright (première secrétaire d’Etat américaine) le club se définit comme « un havre de luxe où les membres peuvent se connecter et se réunir, conspirer et être inspiré ». Le féminisme serait-il un argumentaire pour un business lucratif ? Avantageusement le montant des inscriptions reste raisonnable. 750 £ par an plus un droit de 300 £. Soit un tarif largement en dessous du prix de certains clubs de sports. De plus les femmes de moins de 27 ans bénéficient d’une réduction de 10%. La punchline du lieu reproduite sur la façade de l’immeuble se réfère à Virginia Woolf autre féministe. Dans « Une chambre à soi » l’écrivaine déclare l’importance pour une femme d’avoir de l’argent et un lieu à elle « pour créer avec succès ».
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A Paris l’éphémère et gratuit « Mona » piloté par « My little Paris » a prouvé le besoin de lieu atypique où les femmes pouvaient se rencontrer, travailler, participer à des évènements ou prendre du temps pour soi. Le concept de clubs féminins a curieusement déclenché des polémiques. Car il serait sexiste ! Alors que le statut testostéroné et conservateur des clubs anglais se revendiquait comme un attribut de pouvoir, les femmes n’ont cessé de lutter pour obtenir un espace social bien à elles. C’est chose faite à Londres. Toutefois certaines voix font entendre que les clubs privés féminins ne boostent que l’activité des femmes aux revenus confortables. Le coût de l’adhésion reste un frein pour toutes celles moins aisées qui en ont le plus besoin.