Dans un documentaire diffusé ce samedi Arte se penche sur le bouleversement des hormones à l’âge de la ménopause et de l’andropause. Cette transition présente chez les femmes et les hommes est vécue différemment selon les cultures et les époques. Mais elle est globalement représentée dans la société comme une perte, un évènement négatif voire une maladie. Tour d’horizon d’une révolution hormonale qui concerne 500 millions de femmes dans le monde.
Arte s’intéresse aux femmes et hommes dont la ménopause et l’andropause chamboulent la vie. Le documentaire réalisé par Reinhild Dettmer-Finke et Claudia Dejá évoque tous les aspects de ce qui est souvent définit comme une »maladie de carence » hormonale. Femmes ménopausées, médecins, sociologue témoignent de ce passage qui met les corps en souffrance. Les transformations hormonales restent tabous dans une société qui valorise la jeunesse éternelle. « Quand on regarde la presse on a l’impression qu’on devient un monstre ». Pourtant comme l’explique en préambule le documentaire « Quand les femmes franchissent le cap de la ménopause elles sont au sommet de leur potentiel et si elles travaillent au sommet de leur carrière ».
La ménopause où la perte des repères de la féminité
D’un point de vue biologique la production d’oestrogènes est en berne chez les femmes. Pour les hommes la testostérone déserte. La disparition progressive de ces hormones interroge aussi le rôle des femmes dans la société . C’est le cas de Julia précocement ménopausée à 35 ans. Une fois le diagnostic posé elle s’interroge. » Je n’aurai plus jamais d’enfant. Est ce que mon mari me trouverait toujours attirante » ? Et c’est tout l’enjeu de la ménopause qui met en demeure de s’habituer aux transformations d’un corps dépouillé de sa fonction reproductive. Les codes de la féminité en prennent un coup. Bouffée de chaleur, prise de poids, irritabilité et perte de cheveux y contribuent largement.
En Europe et aux Etats-Unis la génération des baby boomeuses a atteint l’âge de la ménopause. Un marché colossal autant qu’un champ de recherche immense
La ménopause est un marché « colossal »
La génération des baby boomeuses a atteint l’âge de la ménopause en Europe et aux Etats-Unis. Et un tiers des femmes se plaignent de symptômes récurrents. Ce qui constitue pour les laboratoires pharmaceutiques est un marché « colossal ». Les traitements substitutifs hormonaux prescrits depuis 1960 sont au gré des décennies et des études remis en cause car ils favoriseraient l’apparition de certains cancers. Les hormones bio identiques fabriquées à partir de matière première naturelle constituent une alternative mais soulèvent les mêmes inquiétudes. Avec l’allongement de la durée de vie d’autres techniques sont explorées. Notamment des thérapies cognito comportementales qui changent la perception qu’ont les femmes de leurs bouffées de chaleur.
En Inde les femmes rurales ont l’habitude de travailler en plein air et ne s’en plaignent pas des bouffées de chaleur.
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La ménopause est aussi une question culturelle
La représentation culturelle de la ménopause stigmatise les femmes dans de nombreuses sociétés. Le documentaire cite Robert Wilson médecin américain qui définit la femme ménopausée comme « un être castré transformé en furie par la perte hormonale » ! Bon c’était en 1960 ! Et cette vision occidentale ne trouvait pas d’équivalent dans le reste du monde. Au Japon il n’existait pas de terme pour cette transformation hormonale. « Le vieillissement est pensé de manière communes aux hommes et aux femmes ». La sociologue Cécile Charlap auteure d’une thèse « la fabrique de la ménopause » relève que les pouvoirs publics participent à cette représentation dévalorisante. Ainsi sur le site de l’Assurance Maladie on parle de perte, de maladie et de traitement. Alors si la société changeait de regard pour reconsidérer cette étape ? A l’image des orques (seule espèce ménopausée) qui arrête de se reproduire pour se consacrer à la survie des autres membres du groupe.
A voir ce samedi à 22h 20 et à revoir jusqu’au 10 juin sur le site d’Arte