Les Etats-Unis ont nommé Rina Amiri, émissaire spéciale pour le droit des femmes et des filles afghanes et les droits humains en Afghanistan. Un geste politique pour tenter de faire oublier le désastre du retrait américain dans le pays désormais au main des talibans.
Nommée le 29 décembre par Joe Biden, Rina Amiri, américaine née en Afghanistan aura la lourde tâche de mettre les droits humains au centre de la diplomatie définie par Washington. Cette experte qui a travaillé au département d’Etat sous la présidence de Barack Obama a une feuille de route ambitieuse. « En tant qu’émissaire spéciale, elle travaillera sur une série de dossiers d’une importance critique pour moi, pour l’administration américaine et pour la sécurité nationale des États-Unis : les droits humains et les libertés fondamentales des femmes, des filles et des autres populations à risque dans toute leur diversité » a précisé Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine.
Enjeu diplomatique, les droits des femmes en Afghanistan ne cessent de se restreindre. Après avoir promis que leur régime serait moins répressif à l’égard des Afghanes, les talibans poursuivent leur politique liberticide. Depuis fin décembre les femmes ne peuvent plus voyager seule au delà d’un trajet de 45 miles (72 kms). Elles doivent être obligatoirement accompagnées d’une homme de leur famille. Pour l’ONG Human Rights Watch cité par Le Monde, « Ce nouvel ordre va fondamentalement (…) plus loin dans cette direction qui fait des femmes des prisonnières ».
Faire de l’Afghanistan un pays « où tous les Afghans peuvent s’épanouir »
Rina Amiri aura pour objectif d’obtenir les conditions nécessaires pour faire de l’Afghanistan, un pays « pacifié, stable et sûr où tous les Afghans peuvent s’épanouir » selon les termes d’Anthony Blinken. Un préalable indispensable à la reprise de l’aide internationale, l’un des rares moyens de pression de la communauté internationale sur le régime des talibans. La nouvelle émissaire dont les parents ont émigré en Californie lorsqu’elle était enfant s’est fait connaitre par son activisme lors des attentats du 11 septembre.
Dans un récent article de Foreign Affairs, Rina Amiri évoque les changements au sein de la société afghane depuis le premier règne des talibans. Elle indique que « les services publics (…) ont été considérablement développés depuis 2001. En 2020, plus de huit millions de personnes étaient scolarisées, dont 39 % de filles ». L’émissaire plaide pour de nouveaux engagements diplomatiques inclusifs afin d’éviter de nouvelles guerres régionales. « seule voie viable pour sortir d’une situation périlleuse pour l’Afghanistan et la région ».