«MORTEM» LE MAGAZINE PLEIN DE VIE QUI PARLE DE LA MORT

Mortem le magazine
© Happy End

Sorti en kiosque le 16 avril dernier, le magazine «Mortem» fait le pari de nous réconcilier avec la mort. Conçue comme un espace de libération de la parole, la publication rappelle que cet ultime tabou doit être pensé, réfléchi pour sortir du silence tout en douceur.

Les éditions Burda ont osé une aventure éditoriale peu commune en parlant ouvertement de la mort. Le moment était propice dans le contexte sanitaire. «Cette crise venait nous rappeler notre condition de mortel qui pouvait basculer du jour au lendemain quelque soit notre âge» explique Sarah Dumont, la fondatrice du média Happy End qui a assuré la rédaction en chef de «Mortem». Privées de rites pour accompagner les morts pendant le 1er confinement, les personnes endeuillées ont pris conscience de cette cruelle absence.

Parler de la mort en dehors de la Toussaint

Pour la première fois, la mort était présente dans les médias en dehors de la Toussaint constate Sarah Dumont. La difficulté de faire son deuil, l’importance des rituels et l’impossibilité de rendre hommage à ses disparus étaient enfin évoquées. La fondatrice de Happy End propose alors aux éditions Burda de concevoir un magazine pour aborder tous les temps du deuil. « »Mortem' » est conçu comme un objet de réflexion. Il aborde aussi bien la question de l’avant avec l’organisation des funérailles. Puis le temps des rituels pour honorer ces morts et l’après sur le cheminement du deuil».

Auparavant on veillait les morts chez eux et tout le monde venait leur dire au revoir. Nous étions reconnus dans notre souffrance en portant le deuil. Ça se voyait qu’il fallait prendre soin de nous. Aujourd’hui il n’y a plus tous ces signes distinctifs. On a délégué nos morts à l’hôpital, aux pompes funèbres et on a perdu le mode d’emploi. Il faut le retrouver par les rites. Il faut que la personne soit en paix avec celle qui est partie.

Sarah Dumont

Le temps du deuil

Un processus que nos sociétés occidentales occultent trop souvent. «L’idée est de montrer que la mort peut être réfléchi. Ce magazine peut servir à entamer une discussion difficile avec son entourage» décrypte la rédactrice en cheffe. Au sommaire de ce premier numéro à l’esthétique soigné, on lit des interviews d’experts comme Marie de Hennezel, autrice de «L’adieu interdit» (2020) ou l’infirmier aux 167 000 followers, accompagnateur en soin palliatif. Des articles sur les tatouages en hommage aux disparus, de singuliers rituels coréens sur de fausses funérailles histoire de mieux goûter la vie !

Cette grande diversité de sujets libère la parole se réjouit Sarah Dumont. «A la sortie du magazine, énormément d’endeuillés m’ont écrit pour me remercier car ils étaient enfin reconnus dans leur peine et leur douleur». Elle constate que les injonctions à la performance n’épargne pas le deuil, la perte d’un proche ne devrait pas impacter notre productivité. En témoigne l’allongement de 5 à 7 jours du congé pour décès d’un enfant voté péniblement en 2020.

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