LE PORT DES TALONS EST « NÉCESSAIRE ET APPROPRIÉ » POUR LES JAPONAISES

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illustration ©elen-aivali

C’est en deux mots la réponse du ministre de la santé japonais à la campagne lancée par les japonaises sur les réseaux sociaux. Sous le #KuToo, les nippones se rebellent contre l’obligation de porter des talons hauts dans leur vie professionnelle.

#KuToo, subtil jeu de mots entre kutsu (chaussure) et kutsuu (douleur) est devenu le hashtag de la révolte des japonaises contre cette obligation vestimentaire. « Aujourd’hui, nous avons déposé une pétition pour demander une loi interdisant aux employeurs de forcer les femmes à porter des talons, ce qui est de la discrimination sexuelle et constitue un harcèlement” explique l’actrice Yumi Ishikawa, à l’initiative de la pétition présentée lundi au gouvernement. Forte du soutien de plus de 19 000 signatures, celle-ci exprime le ras-le-bol des japonaises face à une codification excessive et sexiste.

« Professionnellement nécessaire et approprié »

Le ministre de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, Takumi Nemoto a réagi ce mercredi 5 juin. « C’est quelque chose qui est socialement accepté et qui tombe dans le domaine de ce qui est professionnellement nécessaire et approprié”. La population japonaise adopte dès l’enfance des codes vestimentaires sans fantaisie. A l’école, l’uniforme est de rigueur, pour les filles, jupe plissée et chaussettes blanches se transforment à l’âge adulte en tailleur et talons hauts dans l’entreprise. Reste peu de place pour rompre le conformisme qui dicte la norme d’un collectif prédominant. A l’exception d’un contre courant porté par les adolescentes.

La société japonaise en uniforme

Vêtues de robes froufroutantes, dégoulinantes de rose, de dentelle et de serre tête à oreilles de chat (un must), la tendance « Kawaï » (mignon) objétise les jeunes filles. A l’image de poupées vivantes, cette mode est un échappatoire, une bulle contre l’uniformisation des silhouettes. Le mouvement lancé par Yumi Ishikawa ne souhaite pas bannir les talons hauts, mais laisser le choix aux femmes de porter des chaussures plates. Les lois de 1986 et 1999 sur l’égalité des chances des femmes et des hommes devant l’emploi et sur l’égalité des sexes peinent pourtant à corriger ces discriminations culturelles. En France et au Royaume-Uni, l’employeur a le droit d’imposer une tenue vestimentaire. Au Canada, la Colombie britannique a choisi une voie plus radicale en 2017, interdisant aux entreprises de forcer leurs employées à porter des talons.

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